Exprimer la concession et l'opposition
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L’opposition ne prend pas toujours le visage de l’opposition véhémente et radicale. L’argumentation peut reposer sur des stratagèmes plus ou moins discrets ou souples. La concession est de ceux-là.
La concession va s’opposer à une
thèse en la réfutant. Mais elle va
objecter aux arguments de l’adversaire des arguments qui
vont l’invalider, ou au moins
discréditer cette opinion.
La réfutation va donc prendre en compte
cette thèse adverse pour mieux la réfuter
ensuite.
On en trouve un exemple patent dans le fameux texte de Montesquieu, « De l’esclavage des nègres » extrait de L’Esprit des lois : « Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais.. » Dans ce morceau d’anthologie, Montesquieu ajoute à la concession l’artifice de l’argumentation par l’absurde (« Le sucre serait trop cher si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves… ») : cette habile rhétorique s’avère bien plus efficace qu’un plaidoyer ému en faveur de l’abolition de l’esclavage, puisqu’elle exploite les armes de l’adversaires pour mieux en montrer la stupidité.
- les connecteurs logiques qui permettent d’articuler les différentes étapes de l’argumentation jusqu’à la portée finale du texte, sa visée argumentative: bien que, malgré, quoique, encore que, si, toutefois, même si, alors que, quand, tandis que…
- des expressions verbales: il faut bien admettre, il faut reconnaître, il faut avouer, on peut, douter de…
- des corrélations : tout…que, quelque…que, si…que (Si appliqué que soit son voisin, mon fils ne peut s’empêcher de bavarder en classe.)
- des propositions subordonnées circonstancielles: Quoiqu’elle soit très onéreuse, la fête de Noël ravit encore les foules.
- La parataxe, marquée par la postposition du sujet et la présence d’un adverbe d’intensité (si), et du subjonctif ou du conditionnel: Si travailleur soit-il, il n’aura pas d’excellents résultats.
L’opposition est le moyen le plus radical de réfuter une thèse. Ici, nulle négociation possible ou concession faite à l’ennemi, la thèse adverse est réfutée sans plus de préambules.
L’opposition est par exemple sollicitée dans le pamphlet, texte de combat par excellence dans lequel l’auteur impose son point de vue en s’attaquant aux opinions qu’il juge fausses, au lieu de défendre réellement sa propre thèse.
On peut consulter à titre d’illustration un des nombreux pamphlets écrits par Voltaire, comme celui dirigé contre Pascal : « J’ose prendre le parti de l’humanité contre ce misanthrope sublime ; j’ose assurer que nous ne sommes ni si méchants ni si malheureux qu’il le dit. Je suis de plus très persuadé (…). Je crois même que… »
- des adverbes ou conjonctions marquant l’opposition et servant de connecteurs logiques à la réfutation : cependant, mais, néanmoins, en revanche, au contraire, or…
- des tournures négatives : ne…pas, ne…plus, ne…point…
- des verbes d’opinion : je crois que…, je pense que… (cf. texte de Voltaire)
Les textes argumentatifs recourent à plusieurs stratégies pour soutenir une thèse et s’opposer à une autre. La concession et l’opposition sont deux manières de réfuter une opinion adverse. Elles se distinguent par des outils linguistiques différents : des connecteurs logiques, des structures syntaxiques (parataxe, hypotaxe), des modes verbaux et autres tournures ou expressions qu’il convient d’identifier dans l’analyse d’un texte dit de la littérature d’idées.
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