Essais, Montaigne
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Objectif
Connaître une œuvre sans précédent,
ayant contribué à forger d'idéal
humaniste au 16e siècle.
1. Un genre littéraire nouveau
a. Genèse
Parvenu à la maturité,
Michel Eyquem de
Montaigne (1533-1592) s'est retiré par
périodes de la vie publique, pour se livrer
à la méditation et à
l'écriture. En composant ses
Essais, il
s'est découvert au fur et à mesure qu'il
écrivait, et son livre l'a fait en même
temps qu'il a fait son livre.
• 1572-1573
Il lit Sénèque et surtout Plutarque, qui intervient largement dans la genèse des Essais, qu'il commence à rédiger, composant alors la plus grande partie du livre I.
• 1577-1580
Il rédige son « Avis au lecteur », complète le livre I, et compose la plus grande partie du livre II. Il s'y dépeint plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent. Le 1er mars 1580, la première édition des Essais paraît en deux livres.
• 1586-1588
Montaigne lit les historiens, et compose le livre III. En juin 1588, il publie une nouvelle version des Essais, avec 600 additions aux livres I et II, et le livre III.
• 1589-1592
Abondantes lectures : les historiens et les philosophes latins, les livres d'histoire sur l'Amérique et l'Orient.
Il prépare une nouvelle version des Essais, au tour de plus en plus personnel, et qui servira de base à l'édition posthume de 1595. Aujourd'hui, c'est l'exemplaire dit « de Bordeaux » qui fait référence.
• 1572-1573
Il lit Sénèque et surtout Plutarque, qui intervient largement dans la genèse des Essais, qu'il commence à rédiger, composant alors la plus grande partie du livre I.
• 1577-1580
Il rédige son « Avis au lecteur », complète le livre I, et compose la plus grande partie du livre II. Il s'y dépeint plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent. Le 1er mars 1580, la première édition des Essais paraît en deux livres.
• 1586-1588
Montaigne lit les historiens, et compose le livre III. En juin 1588, il publie une nouvelle version des Essais, avec 600 additions aux livres I et II, et le livre III.
• 1589-1592
Abondantes lectures : les historiens et les philosophes latins, les livres d'histoire sur l'Amérique et l'Orient.
Il prépare une nouvelle version des Essais, au tour de plus en plus personnel, et qui servira de base à l'édition posthume de 1595. Aujourd'hui, c'est l'exemplaire dit « de Bordeaux » qui fait référence.
b. Modestie et ambition d'un projet
• Le titre
Pour Montaigne, essai signifie à la fois « expérience », « tentative », et « épreuve ». Il n'a jamais prétendu imposer ses vues.
• Une œuvre centrée sur soi
Il s'agit de s'analyser avec sincérité et lucidité, sans indulgence ni sévérité excessive, afin de se montrer tel qu'on est.
L'expression d'une conscience individuelle à valeur universelle : son cas personnel a valeur d'exemple pour autrui.
Pour Montaigne, essai signifie à la fois « expérience », « tentative », et « épreuve ». Il n'a jamais prétendu imposer ses vues.
• Une œuvre centrée sur soi
Il s'agit de s'analyser avec sincérité et lucidité, sans indulgence ni sévérité excessive, afin de se montrer tel qu'on est.
L'expression d'une conscience individuelle à valeur universelle : son cas personnel a valeur d'exemple pour autrui.
c. Le souci du naturel
• Le désordre pour principe
Mimétisme : l'écriture suit les mouvements de la pensée, d'où ajouts, digressions... ;
Didactisme : les reprises sont un moyen de convaincre ;
Inachèvement : toujours en devenir, l'œuvre est une œuvre ouverte.
• Style
La langue vulgaire : les Essais sont la première œuvre à portée philosophique écrite en français ; elle est ainsi accessible à tous ;
Un langage simple et vigoureux : rejet des mots savants. Le style est vif, clair, concis et très imagé : Montaigne y insère des mots de gascon, use de métaphores culinaires... ;
Les citations : en majorité latines, elles donnent de la crédibilité au discours, ont une fonction ornementale en illustrant agréablement le propos, et, dans la perspective de convaincre, elles ont un effet d'insistance, lorsqu'elles reprennent ce qui vient d'être dit. Mais Montaigne n'en est pas esclave : il les modifie parfois pour les insérer plus naturellement dans son propre texte.
Mimétisme : l'écriture suit les mouvements de la pensée, d'où ajouts, digressions... ;
Didactisme : les reprises sont un moyen de convaincre ;
Inachèvement : toujours en devenir, l'œuvre est une œuvre ouverte.
• Style
La langue vulgaire : les Essais sont la première œuvre à portée philosophique écrite en français ; elle est ainsi accessible à tous ;
Un langage simple et vigoureux : rejet des mots savants. Le style est vif, clair, concis et très imagé : Montaigne y insère des mots de gascon, use de métaphores culinaires... ;
Les citations : en majorité latines, elles donnent de la crédibilité au discours, ont une fonction ornementale en illustrant agréablement le propos, et, dans la perspective de convaincre, elles ont un effet d'insistance, lorsqu'elles reprennent ce qui vient d'être dit. Mais Montaigne n'en est pas esclave : il les modifie parfois pour les insérer plus naturellement dans son propre texte.
2. Une préoccupation humaniste : la connaissance
a. Le rôle de l'éducation : former un
homme complet
• Développer le
jugement
Tous les esprits possèdent à égalité la possibilité de s'instruire.
La maïeutique de Socrate : interroger en guidant la pensée ;
L'expérimentation : la vérification des connaissances apprises ne doit pas se faire par la récitation, mais au moyen d'exercices ;
La libre-pensée : apprendre à s'approprier, en les ayant soumises à son propre jugement, les idées d'autrui.
• S'adapter à chaque enfant
À chaque être particulier, un mode d'éducation particulier, contre l'éducation collective pratiquée dans les collèges.
Pratiquer la douceur, contre les châtiments corporels. Il ne faut pas montrer la vertu sous un jour austère.
• Entretenir le corps
Exercer le corps et l'endurcir (stoïcisme) : cela permet de vivre sans se dégrader.
• Voyager
En prenant conscience de la diversité de la nature humaine à travers la variété de ses mœurs, on apprend la tolérance.
Tous les esprits possèdent à égalité la possibilité de s'instruire.
La maïeutique de Socrate : interroger en guidant la pensée ;
L'expérimentation : la vérification des connaissances apprises ne doit pas se faire par la récitation, mais au moyen d'exercices ;
La libre-pensée : apprendre à s'approprier, en les ayant soumises à son propre jugement, les idées d'autrui.
• S'adapter à chaque enfant
À chaque être particulier, un mode d'éducation particulier, contre l'éducation collective pratiquée dans les collèges.
Pratiquer la douceur, contre les châtiments corporels. Il ne faut pas montrer la vertu sous un jour austère.
• Entretenir le corps
Exercer le corps et l'endurcir (stoïcisme) : cela permet de vivre sans se dégrader.
• Voyager
En prenant conscience de la diversité de la nature humaine à travers la variété de ses mœurs, on apprend la tolérance.
b. Connaissance et maîtrise de soi : la
tentation du stoïcisme
Il ne s'agit pas de faire preuve d'héroïsme,
mais de trouver une méthode pour moins
souffrir.
• « Connais-toi toi-même »
La formule socratique est reprise par les stoïciens. S'examiner pour se connaître est un moyen de se maîtriser et de travailler à s'améliorer pour parvenir à la sagesse.
• Le détachement
Mépriser les accidents de la vie, contre lesquels on ne peut rien.
Dominer la douleur, afin de conserver sa liberté de jugement et sa dignité : user de patience ; s'exercer à penser à autre chose qu'elle ; mépriser la peur qu'on en a, laquelle, née de l'imagination, contribue à l'augmenter.
• S'accoutumer à la mort
La mort étant inévitable, mieux vaut y songer : on s'apercevra alors que la hantise de la mort est plus redoutable que la mort elle-même.
Envisager la mort par le menu : détailler les indices de la mort (chute d'une dent...), c'est s'apercevoir que la mort fait partie de la vie, et apprendre à ne pas la craindre.
• « Connais-toi toi-même »
La formule socratique est reprise par les stoïciens. S'examiner pour se connaître est un moyen de se maîtriser et de travailler à s'améliorer pour parvenir à la sagesse.
• Le détachement
Mépriser les accidents de la vie, contre lesquels on ne peut rien.
Dominer la douleur, afin de conserver sa liberté de jugement et sa dignité : user de patience ; s'exercer à penser à autre chose qu'elle ; mépriser la peur qu'on en a, laquelle, née de l'imagination, contribue à l'augmenter.
• S'accoutumer à la mort
La mort étant inévitable, mieux vaut y songer : on s'apercevra alors que la hantise de la mort est plus redoutable que la mort elle-même.
Envisager la mort par le menu : détailler les indices de la mort (chute d'une dent...), c'est s'apercevoir que la mort fait partie de la vie, et apprendre à ne pas la craindre.
c. Rester modeste devant le savoir : la pratique du
scepticisme
• Les sens
trompeurs
Les sens, sources d'illusions, souvent nous aveuglent.
• Les préjugés
Chacun considère à tort les coutumes de son pays comme des lois universelles, ce qui conduit à l'intolérance. Mais, parce qu'aucune loi humaine n'est universelle, il est inepte de vouloir en changer : l'ordre établi doit être maintenu, car il est un moindre mal. Ce qu'il est important de conserver, c'est la libre-pensée.
• Que sais-je ?
L'homme ne peut rien connaître par lui-même. Seules la révélation et la grâce divines, dont Dieu décide, peuvent permettre à l'homme de s'élever. Pour Montaigne, ce doute, marque de lucidité, est aussi stimulant pour l'esprit.
Les sens, sources d'illusions, souvent nous aveuglent.
• Les préjugés
Chacun considère à tort les coutumes de son pays comme des lois universelles, ce qui conduit à l'intolérance. Mais, parce qu'aucune loi humaine n'est universelle, il est inepte de vouloir en changer : l'ordre établi doit être maintenu, car il est un moindre mal. Ce qu'il est important de conserver, c'est la libre-pensée.
• Que sais-je ?
L'homme ne peut rien connaître par lui-même. Seules la révélation et la grâce divines, dont Dieu décide, peuvent permettre à l'homme de s'élever. Pour Montaigne, ce doute, marque de lucidité, est aussi stimulant pour l'esprit.
3. La sagesse des Essais
Ayant admis les limites de sa condition, l'homme
peut prétendre jouir des plaisirs qui sont
à sa portée.
a. Les leçons de l'épicurisme
• Faire preuve de
prudence
Les passions sont mauvaises conseillères, il convient donc de se défier de soi-même.
• L'arithmétique des plaisirs
Le plaisir n'est pas dans l'excès, mais dans la modération et la mesure.
• Une hygiène de vie
Le corps participe comme l'esprit à l'acquisition des plaisirs.
Les passions sont mauvaises conseillères, il convient donc de se défier de soi-même.
• L'arithmétique des plaisirs
Le plaisir n'est pas dans l'excès, mais dans la modération et la mesure.
• Une hygiène de vie
Le corps participe comme l'esprit à l'acquisition des plaisirs.
b. « Nature est un doux guide » (III,
XIII)
L'amour que Montaigne a de la vie lui vient de sa foi
en la nature.
• « Vivre à propos » (III, XIII)
L'important est d'être à ce qu'on fait au moment où on le fait, et de jouir du moment présent, sans mépriser les plaisirs simples de la vie au profit des grandes entreprises.
• « Faire bien l'homme » (III, XIII)
Le bonheur véritable consiste en la réalisation complète et harmonieuse de notre nature. Il s'agit de s'accepter en tant qu'homme, pour s'accomplir en tant que tel.
• « Vivre à propos » (III, XIII)
L'important est d'être à ce qu'on fait au moment où on le fait, et de jouir du moment présent, sans mépriser les plaisirs simples de la vie au profit des grandes entreprises.
• « Faire bien l'homme » (III, XIII)
Le bonheur véritable consiste en la réalisation complète et harmonieuse de notre nature. Il s'agit de s'accepter en tant qu'homme, pour s'accomplir en tant que tel.
L'essentiel
Avec ses Essais, Montaigne inaugure un genre
littéraire nouveau. Se prenant pour objet
d'écriture, il donne ses lettres de noblesse à
la conscience individuelle, et ouvre la voie au genre
autobiographique. Sa pensée, à la fois
imprégnée et affranchie des philosophies
antiques, incarne l'idéal humaniste.
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