LAssommoir : lecture méthodique I
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Présentation du passage
et de la problématique
Le début d’un roman ou incipit est un moment stratégique. En effet, le romancier doit exposer les faits, les thèmes, présenter les personnages tout en donnant un naturel et un dynamisme à ce passage. Nous verrons comment Zola met ici en œuvre les règles de l’incipit romanesque qui s’inscrivent dans un projet d’écriture naturaliste.
Le passage
• L’action a déjà commencé : c’est une entrée en matière in medias res, en pleine action. Et c’est une entrée en matière dramatique qui présuppose de mauvaises relations entre Gervaise et Lantier. L’imparfait d’habitude et le complément circonstanciel de temps « depuis huit jours, il l’envoyait » le confirme. L’expression verbale « tout en racontant » fait de Lantier un homme menteur soupçonné d’adultère par le lecteur.
• De nombreux détails permettent de situer socialement et géographiquement le récit dans le premier et le quatrième paragraphes. Le terme « la brunisseuse » est un mot réaliste qui désigne une ouvrière qui polit. La description des vêtements, la camisole et les nippes en font une femme du peuple, sans argent. Il donne donc une indication sociologique : le roman sera celui des ouvriers. Le nom du restaurant « Le veau à deux têtes » inscrit l’incipit dans un quartier populaire. Zola donne de nombreuses indications géographiques, le boulevard de la Chapelle, la barrière Poissonière, le boulevard de Rochechouart. Cela crée un effet de réel et confirme l’inscription du roman dans les quartiers ouvriers.
Elle apparaît également trop passive, trop complaisante. Sa relation avec Lantier est placée sous le signe de la domination masculine dès le début du livre, elle est déjà en situation de dépendance face à lui.
• Le champ lexical de la pauvreté caractérise la description de la chambre d’hôtel : « une commode dont un tiroir manquait, trois chaises (au lieu de quatre) en paille, petite table sale, un pot à eau ébréché, un lit de fer ».
Ce champ lexical a une valeur réaliste et plante le décor de ce que l’on imagine être la vie d’ouvrier. Plusieurs éléments sont symboliques. Le paquet de reconnaissance du mont de piété implique le manque d’argent. Nous pouvons noter l’ironie du narrateur par le choix de la couleur : rose tendre. L’expression « C’était la plus belle chambre » implique que le manque d’argent du couple les forcera à l’abandonner. La personnification animale de la malle aux « flancs vides » symbolise la dévoration future tout comme les vêtements mangés par la boue.
Tout laisse à penser que l’individu sera dévoré par son milieu.
• La mention des bouchers aux « tabliers sanglants...au milieu d’une puanteur, une odeur fauve de bêtes massacrés » prépare le motif de l’abêtissement des personnages.
La mention de l’hôpital en construction connote la maladie et la mort. Il peut suggèrer lors d’une relecture l’importance de cet endroit dans la suite du roman : lors de la chute de Coupeau, lors de ses crises d’éthylisme.
Les barrières mentionnés encerclent l’espace et inscrivent le thème de l’enfermement pesant comme une condamnation dès le début du récit.
Le début d’un roman ou incipit est un moment stratégique. En effet, le romancier doit exposer les faits, les thèmes, présenter les personnages tout en donnant un naturel et un dynamisme à ce passage. Nous verrons comment Zola met ici en œuvre les règles de l’incipit romanesque qui s’inscrivent dans un projet d’écriture naturaliste.
Le passage
1. Les enjeux narratifs de l’incipit
• La première phrase présuppose que
l’héroïne Gervaise est connue du lecteur.
C’est un procédé habituel des débuts de
romans réalistes et naturalistes. Le nom
« Lantier » le désigne un
homme du peuple puisque son nom n’est pas
précédé d’une marque de politesse
Monsieur. Cela confirme l’ancrage réaliste du roman.
De plus, cela provoque un effet de distance du lecteur qui est
déjà du côté de
l’héroïne.• L’action a déjà commencé : c’est une entrée en matière in medias res, en pleine action. Et c’est une entrée en matière dramatique qui présuppose de mauvaises relations entre Gervaise et Lantier. L’imparfait d’habitude et le complément circonstanciel de temps « depuis huit jours, il l’envoyait » le confirme. L’expression verbale « tout en racontant » fait de Lantier un homme menteur soupçonné d’adultère par le lecteur.
• De nombreux détails permettent de situer socialement et géographiquement le récit dans le premier et le quatrième paragraphes. Le terme « la brunisseuse » est un mot réaliste qui désigne une ouvrière qui polit. La description des vêtements, la camisole et les nippes en font une femme du peuple, sans argent. Il donne donc une indication sociologique : le roman sera celui des ouvriers. Le nom du restaurant « Le veau à deux têtes » inscrit l’incipit dans un quartier populaire. Zola donne de nombreuses indications géographiques, le boulevard de la Chapelle, la barrière Poissonière, le boulevard de Rochechouart. Cela crée un effet de réel et confirme l’inscription du roman dans les quartiers ouvriers.
2. La signification symbolique du texte
• Gervaise est qualifiée à la fois par ses
pleurs et par son attente. Cela fait d’elle un
personnage pathétique placé
dès le début dans une situation d’échec
et de solitude. C’est l’installation d’une
attente. L’attente vaine est aussi un axe de lecture du
roman, les bons moments ne seront
qu’éphémères.Elle apparaît également trop passive, trop complaisante. Sa relation avec Lantier est placée sous le signe de la domination masculine dès le début du livre, elle est déjà en situation de dépendance face à lui.
• Le champ lexical de la pauvreté caractérise la description de la chambre d’hôtel : « une commode dont un tiroir manquait, trois chaises (au lieu de quatre) en paille, petite table sale, un pot à eau ébréché, un lit de fer ».
Ce champ lexical a une valeur réaliste et plante le décor de ce que l’on imagine être la vie d’ouvrier. Plusieurs éléments sont symboliques. Le paquet de reconnaissance du mont de piété implique le manque d’argent. Nous pouvons noter l’ironie du narrateur par le choix de la couleur : rose tendre. L’expression « C’était la plus belle chambre » implique que le manque d’argent du couple les forcera à l’abandonner. La personnification animale de la malle aux « flancs vides » symbolise la dévoration future tout comme les vêtements mangés par la boue.
Tout laisse à penser que l’individu sera dévoré par son milieu.
• La mention des bouchers aux « tabliers sanglants...au milieu d’une puanteur, une odeur fauve de bêtes massacrés » prépare le motif de l’abêtissement des personnages.
La mention de l’hôpital en construction connote la maladie et la mort. Il peut suggèrer lors d’une relecture l’importance de cet endroit dans la suite du roman : lors de la chute de Coupeau, lors de ses crises d’éthylisme.
Les barrières mentionnés encerclent l’espace et inscrivent le thème de l’enfermement pesant comme une condamnation dès le début du récit.
Conclusion
Cet incipit propose la vision d’un personnage féminin dans une situation pathétique et dramatique à la fois. Le passage par de nombreux détails se veut réaliste et répond aux exigences d’écriture naturaliste.
Il faut souligner le caractère prophétique de ce début de roman où l’héroïne se trouve confrontée à l’enfermement qui promet la mort. La suite du récit va jouer sur des effets de rappels de la situation initiale. La structure circulaire du récit souligne que le personnage n’aura pas d’autre issue qu’une mort tragique.
Cet incipit propose la vision d’un personnage féminin dans une situation pathétique et dramatique à la fois. Le passage par de nombreux détails se veut réaliste et répond aux exigences d’écriture naturaliste.
Il faut souligner le caractère prophétique de ce début de roman où l’héroïne se trouve confrontée à l’enfermement qui promet la mort. La suite du récit va jouer sur des effets de rappels de la situation initiale. La structure circulaire du récit souligne que le personnage n’aura pas d’autre issue qu’une mort tragique.
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