LAssommoir : lecture méthodique II
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Situation du
passage
Après avoir été abandonnée par
Lantier, Gervaise a trouvé du travail chez une
blanchisseuse, Madame Fauconier. Elle a fait la connaissance
d’un ouvrier zingueur Coupeau. Ils se rencontrent dans un
café, L’Assommoir, du père Colombe.
Dans l’établissement se trouve l’alambic.
Le
passage
Enjeux du passage
Le texte témoigne d’une volonté de l’auteur d’offrir selon les principes de la doctrine naturaliste, une image fidèle de la réalité. Mais le réalisme chez Zola est constamment dépassé par l’imaginaire, par l’introduction d’images qui font d’un simple réalisme un réalisme poétique.
Nous étudierons les marques du réalisme et les menaces qui pèsent sur les personnages puis l’étude de la description de l’alambic mettra en valeur sa fonction symbolique en tant que mythe narratif.
Les axes
1. La menace au milieu d’un décor réaliste
a. Une atmosphère populaire
Le texte plante le décor dans une
atmosphère populaire notamment avec le
personnage de Mes-Bottes. Son surnom rappelle
l’origine populaire du personnage.
Zola emploie le style indirect et un langage argotique pour produire un effet de réel et transcrire la verdeur des propos que tient ce personnage : « elle était bien gentille ! Dame ! il ne serait plus dérangé, ça aurait joliment remplacé les dés à coudre de ce roussin de père Colombe ! ». Zola le fait même jurer « Tonnerre de Dieu ! ».
Il retranscrit également au style indirect les propos des camarades de Mes-Bottes pour reproduire leur langage familier : « Et les camarades ricanaient, disaient que cet animal de Mes-Bottes avait un fichu grelot, tout de même ».
Zola emploie le style indirect et un langage argotique pour produire un effet de réel et transcrire la verdeur des propos que tient ce personnage : « elle était bien gentille ! Dame ! il ne serait plus dérangé, ça aurait joliment remplacé les dés à coudre de ce roussin de père Colombe ! ». Zola le fait même jurer « Tonnerre de Dieu ! ».
Il retranscrit également au style indirect les propos des camarades de Mes-Bottes pour reproduire leur langage familier : « Et les camarades ricanaient, disaient que cet animal de Mes-Bottes avait un fichu grelot, tout de même ».
b. Une atmosphère menaçante
Cette atmosphère populaire permet de construire un
décor rassurant avec le rapport familier avec
l’alambic, de nombreux signes de menace
apparaissent aussi. La menace est indiquée de façon
évidente à la fin du texte avec les propos de
Gervaise au discours direct : « C’est
bête, ça me fait froid, cette machine…la
boisson me fait froid ». Il est intéressant de
voir que la construction de cette phrase mime le malaise
inexplicable de la jeune femme. En effet, la phrase est
interrompue par des points de suspension (la phrase reste sans
verbe « cette machine ») : elle montre
que Gervaise est incapable de formuler clairement la menace, elle
la pressent seulement. La phrase précédente
« Gervaise, prise d’un frisson, recula ; et
elle tâchait de sourire » indique les marques de
l’inquiétude du personnage au sein de son
comportement. Cette menace latente s’explique par le
phénomène de
l’hérédité à laquelle est
soumis l’individu. Fille d’alcooliques, Gervaise
boira également.
c. La soumission à l’alcool
Le personnage de Mes-Bottes devient une figure symbolique de la
soumission à l’alcool. Zola emploie
des termes faisant référence au bien-être,
à l’évasion : « bien
gentille, de quoi se tenir le gosier au frais, pour sentir le
vitriol encore chaud, l’emplir, il ne serait plus
dérangé ». La répétition
de « toujours » et l’emploi du mot
« vitriol » indiquent clairement le pouvoir de
destruction de l’alcool. La soumission de Mes-Bottes
annonce de façon symbolique la soumission de Gervaise qui
se mettra à boire au chapitre 10 du roman.
Outre l’écriture réaliste, ce qui caractérise cet extrait est le dépassement du réalisme au profit d’une écriture poétique à travers la description de l’alambic.
Outre l’écriture réaliste, ce qui caractérise cet extrait est le dépassement du réalisme au profit d’une écriture poétique à travers la description de l’alambic.
2. La description de l’alambic
a. Une description réaliste
La première description de l’alambic est
technique et réaliste. Coupeau
décrit fidèlement à Gervaise les
mécanismes de fonctionnement de la machine :
« le grand alambic de cuivre rouge, il lui expliqua
comment ça marchait, indiquant du doigt les
différentes pièces de l’appareil, montrant
l’énorme cornue d’où tombait un filet
limpide d’alcool, ses enroulements sans fin de
tuyaux ». L’alambic n’est encore
qu’un objet et cette description objective
montre que les deux personnages ne sont pas encore soumis
à l’alcool.
b. Le réalisme poétique
• Mais cette description objective est
dépassée par l’intrusion du réalisme
poétique. Ainsi nous passons immédiatement du stade
mécanique au niveau de sens symbolique. De simple objet,
l’alambic devient peu à peu un être vivant,
une sorte de monstre inquiétant. Cela est
rendu possible par l’emploi de la
personnification : « mine
sombre, souffle intérieur, travailleur morne, puissant,
muet, sueur d’alcool ». Le thème du
travail nocturne, symbolisant les méfaits de
l’alcool remplace les images de clarté du
début (« sous le vitrage
clair ») : « c’était
comme une besogne de nuit faite en plein jour ». A ce
niveau, l’alambic apparaît comme un être
inquiétant, doué de forces vitales
dédiées au mal.
• Le stade symbolique va permettre ensuite de déboucher sur le stade épique de la description. Un registre épique est un registre présentant une vision amplifiée du réel où souvent les forces du bien et du mal se livrent un combat sans merci. Ce que l’on peut retenir d’épique dans cette description est l’exagération dans la description du pouvoir de l’alcool. Cette évolution se manifeste d’abord à travers la thématique de l’eau : au « petit ruisseau » de Mes-Bottes se substitue à la fin du texte « une source lente et entêtée ». Il est important de souligner la caractérisation adjectivale qui insiste sur la force, le pouvoir souterrain mais bien réel de cet alcool.
• Le stade symbolique va permettre ensuite de déboucher sur le stade épique de la description. Un registre épique est un registre présentant une vision amplifiée du réel où souvent les forces du bien et du mal se livrent un combat sans merci. Ce que l’on peut retenir d’épique dans cette description est l’exagération dans la description du pouvoir de l’alcool. Cette évolution se manifeste d’abord à travers la thématique de l’eau : au « petit ruisseau » de Mes-Bottes se substitue à la fin du texte « une source lente et entêtée ». Il est important de souligner la caractérisation adjectivale qui insiste sur la force, le pouvoir souterrain mais bien réel de cet alcool.
c. Un mythe narratif
L’alcool devient une force
maléfique qui va détruire Paris avec le
thème de l’inondation. La gradation
verbale est doublée d’une gradation spatiale
« envahir la salle, se répandre sur les
boulevards extérieurs, inonder le trou immense de
Paris ». Les verbes marquent une progression vers le
négatif, la thématique de l’inondation.
L’alcool devient le symbole de description de la
capitale toute entière. L’alambic devient donc un
mythe narratif. Un mythe narratif est un élément
dramatique qui se substitue à la réalité
qu’il amplifie pour dénoncer la misère. Ainsi
est dépassée la simple déchéance de
deux individus pour stigmatiser la déchéance de
toute une catégorie de la population touchée par
l’alcool.
Conclusion
Dans ce passage, Zola installe un décor réaliste et populaire à travers lequel apparaissent des signes de menace pour les protagonistes. La description de l’alambic permet de dépasser une simple conception réaliste de l’écriture. En effet, il confère à l’alambic une portée épique, il devient une force monstrueuse et maléfique, symbole de l’alcoolisme qui touche un grand nombre de parisiens de cette époque, en particulier chez les ouvriers.
Dans ce passage, Zola installe un décor réaliste et populaire à travers lequel apparaissent des signes de menace pour les protagonistes. La description de l’alambic permet de dépasser une simple conception réaliste de l’écriture. En effet, il confère à l’alambic une portée épique, il devient une force monstrueuse et maléfique, symbole de l’alcoolisme qui touche un grand nombre de parisiens de cette époque, en particulier chez les ouvriers.
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