LAssommoir : lecture méthodique III
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C’est un extrait du chapitre 4. C’est alors une période heureuse pour Gervaise et Coupeau qui se sont mariés. Ils travaillent courageusement et peuvent épargner. Aussi Gervaise projette de louer une boutique grâce à l’argent gagné par le couple.
Le passage
Problématique du passage
Ce texte est une illustration des théories naturalistes de Zola : mettre en scène des ouvriers dans le cadre de leur travail. Mais ce passage est le début d’un moment dramatique qui va infléchir la destinée du couple.
• Coupeau apparaît comme étant un ouvrier expérimenté et particulièrement à l’aise. Son aisance est soulignée par un adverbe « parfaitement », par deux comparaisons « pareil à un tailleur coupant chez lui », « comme chez lui, en chaussons ».
• Le dialogue est réduit au strict minimum, il n’y a qu’une seule phrase de dialogue « Hé ! Zidore, mets les fers ! ». Cela montre l’intensité de l’application du zingueur. L’apostrophe à son aide est dictée par le travail en cours.
Un passage au discours indirect libre « cette couleuvre de Zidore » sert à mettre en valeur le travail, le courage de Coupeau face à son apprenti.
• Coupeau apparaît comme un ouvrier heureux. Il travaille avec entrain « en sifflotant l’air d’Ohé les p’tits agneaux » malgré la dangerosité. Il est indifférent face au danger potentiel : il faut noter l’importance des verbes d’actions « se laissa couler, s’arc-bouta, pendait, se renversait, se rattrapait ». Tous ces verbes marquent des actions accomplies avec assurance ce qui montre l’accoutumance de Coupeau à son travail.
Néanmoins ce passage contient implicitement des signes avant-coureurs du danger qui guette et qui va s’abattre sur Coupeau.
• L’épisode se situe à la fin de la
journée, le lyrisme du passage est discret mais sensible
dans le traitement du coucher du soleil sur les toits de Paris :
« Un beau soleil de mai se couchait, dorant les
cheminées ». Coupeau termine le travail
commencé : « il devait poser les
dernières feuilles de zinc ».
• On peut interpréter cette coïncidence comme
une préfiguration ironique de ce qui va se passer. En
effet, la fin de la journée et la fin d’un travail
difficile annonce avec ironie l’accident de Coupeau, la fin
de sa vie heureuse. L’idée de la nuit, de
l’obscurité qui va s’installer connote et
annonce l’idée d’échec et de
malheur.
• Deux lieux s’opposent dans chaque
paragraphe. Dans le premier paragraphe apparaît
l’idée de verticalité « tout
là-haut, dans le ciel clair » alors que dans le
deuxième paragraphe, l’horizontalité est
présente à travers les compléments
circonstanciels « trottoir, là-bas, sous
lui ».
Ce chiasme figure par la verticalité, le
bonheur actuel de l’ouvrier travaillant alors que
l’horizontalité préfigure la chute sur le
pavé et la déchéance liée à la
rue.
• Le thème du trou, de la
béance est associé au travail de Coupeau :
« brusque pente, trou béant devant le
trou ». Le trou, la béance symbolisent
là encore la déchéance future, la
chute qui menace Coupeau et la spirale de l’échec
qui entraînera le couple. Parallèlement le travail
de Coupeau est presque fini « les dernières
feuilles de zinc, la dernière feuille »
(passage du pluriel au singulier) ce qui renforce
l’hypothèse que la fin de ce travail va marquer la
fin d’une période heureuse.
Ce passage illustre une scène ordinaire de travail, il étaye la thèse de l’écriture réaliste. Mais ce moment qui apparaît anodin est un moment fort. Il contient les prémices du malheur futur que vont connaître Coupeau et Gervaise après l’accident.
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