Antigone, Jean Anouilh
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Objectifs :
Découvrir le théâtre de Jean Anouilh ;
découvrir une pièce majeure de la
littérature française…
1. L’auteur (1910-1987)
Doc. 1. Portrait de Jean Anouilh |
Jean Anouilh naît en 1910. Son père est tailleur et sa mère professeur de piano. Son goût pour le théâtre se manifeste dès le lycée où il rencontre Jean Cocteau et Jean Giraudoux.
En 1929, il travaille dans une agence de publicité aux côtés de Prévert puis devient le secrétaire du comédien Louis Jouvet.
À partir de 1932, il écrit quelques pièces sans réel succès puis est enfin reconnu avec Le Voyageur sans bagage en 1937. Puis, il enchaîne avec un nouveau succès critique et public avec le Bal des voleurs (1938).
En 1944, en pleine occupation allemande, il compose Antigone, la pièce la plus lue et jouée de l’auteur, au sujet de laquelle il écrit : « L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre (…) Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. » Le personnage devient le symbole discret de la résistance.
Entre 1946 et 1961, l’auteur enchaîne les écrits et connaît de nombreux succès comme L'Invitation au château, L'Alouette, Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes et Beckett ou l'Honneur de Dieu.
Puis il se tourne davantage vers la mise en scène mais continue d’écrire du théâtre de « distraction » se considérant, selon ses propos, comme « boulevardier » jusqu’à sa mort en 1987. Il soutient le théâtre de Beckett qui met en scène l’absurdité d’une vie, frôlant le pessimisme froid ou l’ironie grinçante d’Anouilh.
2. Antigone
a. Résumé
Doc. 2. Antigone. Acte 5,
scène 6. Tragédie italienne de
Vittorio Alfieri (1783) d'après la
mythologie grecque. Antigone et Hémon se meurent alors Créon devient seul. |
Antigone est une pièce en un acte qui s’appuie sur la mythologie grecque et la pièce de Sophocle.
• Le texte original (de Sophocle)
Antigone est la fille d’Œdipe. Ce dernier est le fils de Laïos et Jocaste, élevé par des bergers à cause d’un oracle qui prédit que le fils tuera son père et épousera sa mère. La prophétie se réalise sans qu’il ne le sache. Il tue son père lors d’un voyage, épouse sa mère en récompense de la libération de la ville du Sphinx dont il devine l’énigme. Il en aura quatre enfants : Antigone, Ismène, Polynice, Etéocle. Lorsque la famille apprend la vérité, Jocaste met fin à ses jours, Œdipe se crève les yeux et erre, banni de la ville accompagné de sa fille, avant de mourir...
Comme les deux frères d'Antigone s’entretuent pour le trône de Thèbes et que son oncle, le Roi Créon décide de punir l’un des deux en lui refusant une sépulture, Antigone se rebelle. Elle préfère la loi divine à la loi arbitraire du Roi et enterre Polynice. Créon la condamne à être enterrée vivante ; elle se pend et Hémon son bien aimé se suicide.
• La réécriture d'Anouilh
Antigone refuse d’abandonner le corps de son frère sans sépulture et se rend à plusieurs reprises auprès de son cadavre abandonné aux rapaces pour le recouvrir de terre. Contrariant la loi du Roi interdisant à quiconque de contrecarrer cet édit sous peine de mort, elle refuse de l’accepter et ne tarde pas à être découverte par les gardes. Créon est contraint d’appliquer la loi et ordonne qu’Antigone soit enterrée vivante. Son fiancé Hémon, fils de Créon, s’est enfermé avec elle. Lorsque Créon fait ré-ouvrir le tombeau pour l’en sauver, il aperçoit Antigone pendue avec sa ceinture, et Hémon qui lui crache sa haine au visage avant de se poignarder. Eurydice, l’épouse de Créon se tranche la gorge. Créon demeure « seul ».
b. Personnages
• Antigone : est le
personnage éponyme (= le titre de la pièce
est constitué de son nom). Elle est liée
à la nature sauvage, solitaire et
discrète, presque fantomatique. Elle est
grave et fataliste comme si elle
n’était pas destinée à vivre.
Elle incarne aussi la passion libre, refusant de
se soumettre dans la compromission avec une loi qui est
contre nature. Elle est une héroïne
révoltée incapable de
s’agenouiller devant une obligation sociale, ou un
compromis. Elle incarne ainsi, dans la France
occupée, la résistance à une
collaboration avec le pouvoir ennemi.
• Créon : est à la fois l’oncle d’Antigone et le légitime roi de Thèbes, après la mort des deux princes ennemis. Il incarne le souverain âgé et réfléchi, « seul » dans sa fonction dont il assume les sacrifices nécessaires comme la punition de Polynice ou l'exécution d'Antigone. Il désire sauver sa nièce et parvient presqu’à l’infléchir, lui montrant la nécessité d’obéissance même devant l’injustice.
• Hémon : est l'amant fidèle, fidélité qui le conduira au mépris de son père devant sa condamnation, au suicide pour n’être pas séparé de celle que son père veut lui arracher.
• Créon : est à la fois l’oncle d’Antigone et le légitime roi de Thèbes, après la mort des deux princes ennemis. Il incarne le souverain âgé et réfléchi, « seul » dans sa fonction dont il assume les sacrifices nécessaires comme la punition de Polynice ou l'exécution d'Antigone. Il désire sauver sa nièce et parvient presqu’à l’infléchir, lui montrant la nécessité d’obéissance même devant l’injustice.
• Hémon : est l'amant fidèle, fidélité qui le conduira au mépris de son père devant sa condamnation, au suicide pour n’être pas séparé de celle que son père veut lui arracher.
c. Thèmes
• La
fatalité
La fatalité est présente dès le prologue de la pièce qui montre le malheur en marche, comme une mécanique tragique. Le prologue est un acteur intermédiaire entre la scène et la salle qui dévoile la mécanique du théâtre, comme la mécanique de la vie. Il présente le passé de la pièce (le fratricide) et dévoile le futur proche (les morts qui s’ensuivent). Le thème de la fatalité est donc lancé : tout est joué, reste au spectateur le comment de ce déroulement inexorable. Il ne laisse aucune issue possible autre que celle annoncée.
• Le paradis perdu de l’enfance
La pièce illustre le conflit des générations et exalte la jeunesse qui est l’âge de l’intégrité, de la liberté sans compromission. Antigone refuse la vie d’adulte au nom de ses idéaux et le Roi comprend trop tard en avouant à son jeune page : « Il faudrait ne jamais devenir grand. »
• La révolte
La révolte est donc le refus de la soumission à des valeurs compromettant ce paradis perdu de la jeunesse. Antigone et Hémon incarnent le refus d'un monde fondé sur l'hypocrisie et le mensonge. Ils partagent un désir d'absolu, et renoncent à la vie devant l'impossibilité de l'amour.
La fatalité est présente dès le prologue de la pièce qui montre le malheur en marche, comme une mécanique tragique. Le prologue est un acteur intermédiaire entre la scène et la salle qui dévoile la mécanique du théâtre, comme la mécanique de la vie. Il présente le passé de la pièce (le fratricide) et dévoile le futur proche (les morts qui s’ensuivent). Le thème de la fatalité est donc lancé : tout est joué, reste au spectateur le comment de ce déroulement inexorable. Il ne laisse aucune issue possible autre que celle annoncée.
• Le paradis perdu de l’enfance
La pièce illustre le conflit des générations et exalte la jeunesse qui est l’âge de l’intégrité, de la liberté sans compromission. Antigone refuse la vie d’adulte au nom de ses idéaux et le Roi comprend trop tard en avouant à son jeune page : « Il faudrait ne jamais devenir grand. »
• La révolte
La révolte est donc le refus de la soumission à des valeurs compromettant ce paradis perdu de la jeunesse. Antigone et Hémon incarnent le refus d'un monde fondé sur l'hypocrisie et le mensonge. Ils partagent un désir d'absolu, et renoncent à la vie devant l'impossibilité de l'amour.
L'essentiel
Antigone, si elle se nourrit discrètement du
contexte historique (puisqu’elle n’a pas
été censurée par les allemands), est
parfaitement actuelle encore, devant l’expression
d’une révolte latente de la jeunesse, une
revendication de liberté sans
compromis…
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