L'Affiche rouge
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Objectif :
Découvrir l’engagement dans la poésie,
à travers l’Affiche rouge.
En 1944, sur les murs de
Paris occupée, est placardée l’Affiche
rouge, une affiche de propagande nazie qui expose les
portraits de prétendus terroristes
étrangers, qui sont en fait des résistants.
Tous ces hommes seront fusillés.
Le chef du groupe, Missak Manouchian, laisse une lettre à sa femme Mélinée dans laquelle il continue son œuvre de résistant en délivrant un message d’espoir, de liberté et de paix. C’est à cet homme et à ses camarades que le poète Louis Aragon rend hommage dans son poème Strophes pour se souvenir.
Le chef du groupe, Missak Manouchian, laisse une lettre à sa femme Mélinée dans laquelle il continue son œuvre de résistant en délivrant un message d’espoir, de liberté et de paix. C’est à cet homme et à ses camarades que le poète Louis Aragon rend hommage dans son poème Strophes pour se souvenir.
1. L'affiche
Le 21 février
1944, une affiche rouge est placardée sur
les murs de Paris, alors occupée par les Allemands.
Elle annonce l’exécution du groupe de
« terroristes » de Missak Manouchian.
Doc.1. « L'Affiche rouge » de
résistants condamnés (le réseau Manouchian), 1944 |
a. Description de l'affiche
Cette affiche de couleur rouge-sang est composée
de dix photos en noir et blanc des
résistants du groupe Manouchian,
désignés comme « l’armée
du crime ». La photo de Manouchian, le « chef
de bande », est au sommet d’une pyramide
inversée. Chaque médaillon est
accompagné du nom des « terroristes »,
tous des étrangers, tenus pour responsables, aux
yeux des nazis, de divers attentats
(déraillements de train et exécutions).
b. La visée propagandiste de l'affiche
→ Jouer sur les idées
xénophobes et sur la peur.
→ Faire croire que les étrangers (Juifs, Communistes) sont les véritables ennemis de la France et que l’Allemagne nazie est la seule armée de libération de la France.
→ Convaincre les Parisiens que ces hommes sont des terroristes, et non des libérateurs.
→ Dissuader ceux qui en avaient envie d’entrer en Résistance.
Tout cela s’est finalement retourné contre les émetteurs du message puisque les prétendus « terroristes » du groupe Manouchian ont été considérés comme des martyrs morts pour la France.
→ Faire croire que les étrangers (Juifs, Communistes) sont les véritables ennemis de la France et que l’Allemagne nazie est la seule armée de libération de la France.
→ Convaincre les Parisiens que ces hommes sont des terroristes, et non des libérateurs.
→ Dissuader ceux qui en avaient envie d’entrer en Résistance.
Tout cela s’est finalement retourné contre les émetteurs du message puisque les prétendus « terroristes » du groupe Manouchian ont été considérés comme des martyrs morts pour la France.
2. Lettre de Missak Manouchian à sa femme
Mélinée
• Missak : Missak
Manouchian est français, d’origine
arménienne, né en 1906 et fusillé
à 37 ans par les Nazis. Il est
surtout connu pour son rôle de résistant, mais
c’est aussi un poète. À partir
de 1941, il entre dans
la clandestinité et organise la
résistance arménienne à Paris.
Les groupes de Manouchian accomplissent près de 30
opérations dans Paris durant l’année
1943 avant d'être
arrêtés, emprisonnés et
fusillés.
• Mélinée : également d’origine arménienne, elle fait la connaissance de Missak en 1934. Durant la Résistance, elle est à ses côtés mais doit fuir lorsqu’il est arrêté en 1943. Après la guerre, elle écrit le premier livre consacré à Missak, sobrement intitulé Manouchian.
• La lettre : c’est du fond de sa prison que Missak rédige cette célèbre lettre-testament à Mélinée, écrite en versets émouvants, comme un long poème. Il annonce, bien sûr, sa mort toute proche et exprime ses dernières volontés. Et, plutôt qu’un message de revanche et de haine, il délivre un message d’amour. Message d’amour pour sa femme à qui il demande de recommencer à vivre, et même d’avoir un enfant, pour ses parents, ses amis, mais aussi pour toute l’humanité, pour la nature. C’est un message de regrets, certes, mais surtout d’espoir, de fraternité, de liberté, de paix. C'est exactement l’inverse de ce qui était montré de lui par la propagande nazie.
• Mélinée : également d’origine arménienne, elle fait la connaissance de Missak en 1934. Durant la Résistance, elle est à ses côtés mais doit fuir lorsqu’il est arrêté en 1943. Après la guerre, elle écrit le premier livre consacré à Missak, sobrement intitulé Manouchian.
• La lettre : c’est du fond de sa prison que Missak rédige cette célèbre lettre-testament à Mélinée, écrite en versets émouvants, comme un long poème. Il annonce, bien sûr, sa mort toute proche et exprime ses dernières volontés. Et, plutôt qu’un message de revanche et de haine, il délivre un message d’amour. Message d’amour pour sa femme à qui il demande de recommencer à vivre, et même d’avoir un enfant, pour ses parents, ses amis, mais aussi pour toute l’humanité, pour la nature. C’est un message de regrets, certes, mais surtout d’espoir, de fraternité, de liberté, de paix. C'est exactement l’inverse de ce qui était montré de lui par la propagande nazie.
Voici un extrait de cette célèbre lettre
:
« Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse… »
« Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse… »
3. Strophes pour se souvenir : l'hommage du poète
Louis Aragon
En 1955, à
l’occasion de l’inauguration d’une rue
Manouchian à Paris, le poète Louis Aragon
écrit un hommage au groupe, un poème
commémoratif, Strophes
pour se souvenir, extrait du Roman
inachevé. Le poète s’adresse
directement aux résistants de l’Affiche rouge
dans un premier temps, comme pour en réactualiser
le souvenir.
Puis, il paraphrase la lettre à Mélinée dont il insère un passage dans son poème, avec l’intention de susciter l’émotion et de faire revivre son auteur.
Puis, il prend de la distance, évoque la mort de ces jeunes hommes, « vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », résistants, fusillés pour la France par les Allemands.
Ce poème a été mis en musique et chanté par le chanteur Léo Ferré en 1959 sous le titre L’Affiche rouge.
« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos
villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang… »
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang… »
Puis, il paraphrase la lettre à Mélinée dont il insère un passage dans son poème, avec l’intention de susciter l’émotion et de faire revivre son auteur.
« Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand »
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand »
Puis, il prend de la distance, évoque la mort de ces jeunes hommes, « vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », résistants, fusillés pour la France par les Allemands.
« Ils étaient vingt et trois quand les
fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. »
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. »
Ce poème a été mis en musique et chanté par le chanteur Léo Ferré en 1959 sous le titre L’Affiche rouge.
L'essentiel
Le poème de Louis Aragon, Strophes pour se
souvenir, est directement inspiré du destin
tragique des 23 résistants du groupe de
Missak Manouchian, dont les photos ont été
placardées à Paris sur la célèbre
Affiche rouge et qui ont été
fusillés par les Nazis en 1944. Le poète poursuit son
œuvre de résistant, en rendant hommage à
ces hommes morts pour la liberté et la
fraternité, et redonne vie au message de
paix laissé par Manouchian à sa femme,
Mélinée, avant sa mort.
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