Les pouvoirs de la parole
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- Définir les termes « langage », « langue » et « parole », et les enjeux de la parole comme pouvoir.
- La parole est propre à chaque individu, et bien qu’elle passe souvent inaperçue, elle est essentielle à la communication entre les êtres humains.
- La parole possède de nombreux pouvoirs : elle peut séduire, manipuler, enchanter, guérir mais aussi blesser ou humilier.
- Son importance fondamentale est mise en valeur par l’aspect divin qu’elle revêt dans la pensée judéo-chrétienne.
Il peut sembler surprenant de parler des « pouvoirs » d’une chose aussi communément répandue que la parole, au point que Dalida chantait : « Paroles et encore des paroles que tu sèmes au vent », se moquant ainsi de son partenaire qui lui dit des mots d’amour qui ne lui font aucun effet.
Pour Ferdinand de Saussure, l’un des fondateurs des sciences du langage au début du XXe siècle, il faut distinguer les mots « langage », « langue » et « parole » qui, bien qu’ils peuvent être employés dans la langue courante de façon quasi équivalente, désignent des réalités différentes.
Il existe de très nombreuses langues dans le monde (entre 3 000 et 6 500 selon les critères retenus). Les termes « dialecte » et « patois » désignent des langues parlées par des groupes plus restreints.
Dans la tradition judéo-chrétienne, la parole est parée d’un pouvoir primordial, celui de créer. Dans la Genèse, il suffit que Dieu parle pour que chaque élément surgisse : « Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut. ».
Dans l’Évangile selon Saint Jean, le rôle de la parole est à nouveau souligné ; elle est présentée comme l’attribut essentiel de Dieu, existant en lui et à l’extérieur de lui et c’est la parole de Dieu par qui tout est venu à l’existence.
Dans de multiples contextes, la parole garde cet aspect sacré que l’on retrouve dans les formules magiques censées faire opérer le charme (« Abracadabra ! » disent les magiciens), dans les malédictions, les prophéties, les prières que l'on adresse aux dieux pour les infléchir, les promesses orales où l’on donne sa « parole » et on la tient, montrant ainsi que la parole ne s’oppose pas systématiquement à l’action, au contraire.
Certaines paroles correspondant à des actes, surtout lorsqu'elles sont prononcées dans un contexte particulier ou par une personne revêtue d’une autorité officielle.
Dans la vie quotidienne, on a tendance à dire que les paroles s’envolent, soulignant ainsi leur manque de poids ou d’impact, et pourtant, là aussi la parole a de nombreux pouvoirs. Elle peut tout d’abord chercher à séduire car, après le premier regard qui en dit déjà long, il faut bien parler à la personne à qui on cherche à plaire (c’est le drame du personnage de Christian dans Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand (1897) qui se décrit comme « sot » et incapable de séduire une femme en lui parlant).
Cette parole séductrice peut être manipulatrice ou simplement courtoise et aimable. De la poésie amoureuse aux artistes de la drague, le rôle de la parole est essentiel pour plaire. Ce pouvoir de séduction possède un pendant plus sombre : certaines paroles peuvent profondément blesser les enfants comme les adultes, et laisser des traces indélébiles. On parle rarement des « violences verbales » parce qu’elles sont peu spectaculaires. Mais elles n’en sont pas moins répandues.
On peut humilier quelqu’un, le dévaloriser, l’insulter ou plus simplement ne pas lui laisser la parole, l’empêchant ainsi de se défendre ou de revendiquer ses droits.
Pour finir sur une note plus rassurante, la parole constitue un élément-clé des psychothérapies. Dans le cabinet du psychologue, le patient prend la parole, il est écouté par un professionnel qui lui offre une écoute attentive.
Freud fut l'un des premiers à éclairer le rôle thérapeutique de la parole. Parler librement et dire tout ce qui passe par la tête sans trier, c’est donner corps, à travers les mots, à ce qui a traumatisé le patient et a été refoulé dans l’inconscient.
On retrouve cette dimension magique dans les propos de Freud, qui considère nos paroles comme une « magie décolorée ».
De même, la communication entre humains peut être placée sous le signe de la bienveillance dans certaines pratiques de communication non-violente ou de clinique de concertation, de plus en plus répandues dans certains milieux professionnels. Ces pratiques promeuvent l’usage de la parole en vue de dissiper les malentendus, de rétablir l’écoute entre des parties prenantes qui ne se parlaient plus (parfois avec l’aide d’un médiateur professionnel) et proposent de repérer dans nos paroles les jugements blessants et les propos impersonnels et généralisants, afin de communiquer sans altérer la qualité de la relation.
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