Une grille de lecture géopolitique
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Au début des années 1990, quand le spectre de la
Guerre froide s'est définitivement
éloigné avec la chute du Mur de Berlin
(1989) et la fin de l'URSS (1991), beaucoup d'analystes
ont cru à l'avènement d'un monde pacifique et
apaisé. F. Fukuyama, dans son article La fin de
l'histoire ? (été 1989), considère que
la démocratie libérale et le capitalisme se sont
imposés comme seuls systèmes possibles, signant
donc la fin des idéologies et de leurs combats.
Pourtant, dès août 1990 avec la
première Guerre du Golfe et 1991 avec la Guerre
d'ex-yougoslavie, il apparaît évident que cette
vision est fausse. Au contraire, depuis, la violence n'a pas
faibli et on peut même dire que la planète n'a
jamais connu autant de conflits, ni autant d'acteurs et d'armes
différents.
Problématique : Dans un monde mondialisé, comment expliquer l'explosion de l'insécurité internationale ?
Problématique : Dans un monde mondialisé, comment expliquer l'explosion de l'insécurité internationale ?
1. Un monde marqué par des conflits nombreux et
divers
a. Des conflits nombreux
Depuis la fin de la Guerre froide, une nouvelle
géographie des conflits apparaît.
Certains conflits sont hérités et restent
sans solution, comme le conflit
israélo-plaestinien qui commence en 1948. D'autres
conflits ont réapparu alors qu'ils étaient
gelés du fait de la Guerre froide (les
États-Unis et l'URSS imposant l'arrêt des
tensions à l'intérieur de leur bloc), comme
dans le Caucase en ex-Yougoslavie.
Enfin, on voit apparaître des conflits nouveaux avec des ressorts bien particuliers :
- identitaires ou religieux comme en Côte d'Ivoire, en Irak ;
- territoriaux comme entre l'Inde et le Pakistan ;
- économiques (souvent liés aux matières premières) comme entre l'Irak et le Koweït ;
- politiques comme la double guerre américaine menée en Afghanistan et en Irak.
Enfin, on voit apparaître des conflits nouveaux avec des ressorts bien particuliers :
- identitaires ou religieux comme en Côte d'Ivoire, en Irak ;
- territoriaux comme entre l'Inde et le Pakistan ;
- économiques (souvent liés aux matières premières) comme entre l'Irak et le Koweït ;
- politiques comme la double guerre américaine menée en Afghanistan et en Irak.
b. Des conflits divers
Si les causes des conflits sont nombreuses, les formes
varient beaucoup elles aussi. En effet, il ne faut pas
s'en tenir aux seuls conflits armés couverts par
les médias car il existe beaucoup de
situations de violence dans le monde, qui passent
pourtant le plus souvent inaperçues :
- les revendications séparatistes de la Casamance au Sénégal,
- les rébellions Karen en Birmanie,
- la Somalie, qui n'existe quasiment plus sous forme d'État, et est déchirée par les seigneurs de la guerre et les milices.
On peut trouver ainsi une vingtaine de situations de conflit latent dans le monde.
- les revendications séparatistes de la Casamance au Sénégal,
- les rébellions Karen en Birmanie,
- la Somalie, qui n'existe quasiment plus sous forme d'État, et est déchirée par les seigneurs de la guerre et les milices.
On peut trouver ainsi une vingtaine de situations de conflit latent dans le monde.
2. Des conflits animés par des acteurs multiples
a. Les États , encore maîtres du jeu
Dans la conception classique, la guerre est le moyen pour
des adversaires de résoudre leurs conflits. Elle
fait donc partie du jeu normal des relations entre
États souverains, et la paix est
considérée comme une situation
exceptionnelle. C'est ainsi qu'à partir du
17e siècle se met en place un droit de
la guerre qui définit des règles
précises, distinguant notamment de façon
très ferme les soldats et les civils (qui doivent
être épargnés).
Aujourd'hui, les États n'ont, la plupart du temps, plus intérêt à entrer en guerre : les conséquences en termes de vies humaines et de coûts économiques sont trop lourdes. Les États préfèrent intervenir dans des cadres collectifs (sous l'égide de l'ONU ou de l'OTAN par exemple, ce qui « mutualise » les coûts). Ils déplacent les rivalités dans le domaine économique ou commercial et, s'il faut réellement agir, confient cette tâche à leurs services de renseignement. Il ne s'agit pas d'un désarmement des États, mais d'un changement dans la conflictualité mondiale. Seuls les États-Unis ont gardé un rôle étatique actif.
Aujourd'hui, les États n'ont, la plupart du temps, plus intérêt à entrer en guerre : les conséquences en termes de vies humaines et de coûts économiques sont trop lourdes. Les États préfèrent intervenir dans des cadres collectifs (sous l'égide de l'ONU ou de l'OTAN par exemple, ce qui « mutualise » les coûts). Ils déplacent les rivalités dans le domaine économique ou commercial et, s'il faut réellement agir, confient cette tâche à leurs services de renseignement. Il ne s'agit pas d'un désarmement des États, mais d'un changement dans la conflictualité mondiale. Seuls les États-Unis ont gardé un rôle étatique actif.
b. Les États débordés par
d'autres groupes très actifs
Les conflits inter-étatiques ne sont pas les plus
nombreux et, sur la longue durée, ne sont pas ceux
qui font le plus de victimes.
- Les conflits internes aux États sont quantitativement très importants : on peut prendre comme exemple le conflit au Liberia et Sierra-Leone. L'enjeu est la prise du pouvoir sur le pays et le contrôle de la production de diamants (Sierra-Leone) et leur commercialisation (Liberia). Les forces gouvernementales sont rapidement dépassées par les factions d'opposition qui n'hésitent pas à enrôler de force les populations civiles, notamment les enfants. Encadrées par des mercenaires et armées légèrement (le plus souvent à l'arme blanche) elles doivent s'imposer par la violence.
- Le terrorisme est une autre de forme de conflit qui a ses propres acteurs : on peut ici pendre l'exemple d'Al Qaïda. Nébuleuse assez opaque, c'est un réseau transnational qui a développé une gestion managériale de ses activités : mise en place de réseaux de recrutement, d'endoctrinement, d'entraînement, création de supports médiatiques, multiplication des activités (banques, écoles, ONG, fondations, groupes paramilitaires). La population civile est la cible principale puisqu'il s'agit de faire un maximum de victimes et de semer la terreur pour se faire entendre. C'est la stratégie du faible contre le fort (dont l'État).
- On constate de plus en plus une privatisation de la guerre. Autrefois basée sur la conscription (service militaire obligatoire) et les armées de citoyens, la guerre est en train de changer de visage. Elle est devenue une affaire de professionnels (dans quasiment tous les pays être soldat est un métier), et certains États sous-traitent une partie de leurs intervention à des compagnies privées, comme BlackWater par exemple.
- Les mafias jouent un rôle à part, car si elles ne sont pas directement actives dans les conflits, elles en sont partie-prenante au niveau de la vente des armes et de la mise à disposition de groupes non-étatiques de technologies militaires avancées (informatique, communication, armes de destruction massive).
Blackwater : Blackwater Worldwide est une société militaire privée (SMP) américaine dont le siège se trouve à Moyock (Caroline du Nord), qui a notamment travaillé en Irak et en Afghanistan. Elle porte aujourd'hui le nom Academi.
- Les conflits internes aux États sont quantitativement très importants : on peut prendre comme exemple le conflit au Liberia et Sierra-Leone. L'enjeu est la prise du pouvoir sur le pays et le contrôle de la production de diamants (Sierra-Leone) et leur commercialisation (Liberia). Les forces gouvernementales sont rapidement dépassées par les factions d'opposition qui n'hésitent pas à enrôler de force les populations civiles, notamment les enfants. Encadrées par des mercenaires et armées légèrement (le plus souvent à l'arme blanche) elles doivent s'imposer par la violence.
- Le terrorisme est une autre de forme de conflit qui a ses propres acteurs : on peut ici pendre l'exemple d'Al Qaïda. Nébuleuse assez opaque, c'est un réseau transnational qui a développé une gestion managériale de ses activités : mise en place de réseaux de recrutement, d'endoctrinement, d'entraînement, création de supports médiatiques, multiplication des activités (banques, écoles, ONG, fondations, groupes paramilitaires). La population civile est la cible principale puisqu'il s'agit de faire un maximum de victimes et de semer la terreur pour se faire entendre. C'est la stratégie du faible contre le fort (dont l'État).
- On constate de plus en plus une privatisation de la guerre. Autrefois basée sur la conscription (service militaire obligatoire) et les armées de citoyens, la guerre est en train de changer de visage. Elle est devenue une affaire de professionnels (dans quasiment tous les pays être soldat est un métier), et certains États sous-traitent une partie de leurs intervention à des compagnies privées, comme BlackWater par exemple.
- Les mafias jouent un rôle à part, car si elles ne sont pas directement actives dans les conflits, elles en sont partie-prenante au niveau de la vente des armes et de la mise à disposition de groupes non-étatiques de technologies militaires avancées (informatique, communication, armes de destruction massive).
Blackwater : Blackwater Worldwide est une société militaire privée (SMP) américaine dont le siège se trouve à Moyock (Caroline du Nord), qui a notamment travaillé en Irak et en Afghanistan. Elle porte aujourd'hui le nom Academi.
3. Les armes de la puissance : du concret à
l'immatériel
a. La persistance de la menace nucléaire
À partir de 1945 (6 août Hiroshima et
9 aout Nagasaki), l'histoire de la guerre et de la
géopolitique change totalement : l'homme a pour la
première fois la capacité de
détruire totalement la planète et
paradoxalement, le nucléaire apparaît
dès lors comme une arme à la fois de
destruction et de dissuasion.
Aujourd'hui, la possession de l'arme nucléaire est un facteur clé de la puissance d'un État. Il y a donc 8 puissances nucléaires : les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine, l'Inde, le Pakistan et Israël. La Corée du Nord prétend en posséder et l'Iran a lancé un programme de recherche sur la matière. L'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique) est chargée de surveiller l'usage du nucléaire civil et un accord, le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), est signé en 1968 pour la non-prolifération.
Aucun groupe non-étatique n'est suffisamment puissant pour l'instant pour posséder l'arme nucléaire classique, mais il existe un marché et l'uranium appauvri est une matière première nucléaire très dangereuse et peu chère. Signalons enfin qu'il existe aussi des traités interdisant les armes biologiques et chimiques de destruction massive (ADM). Cependant, la surveillance est faible et on sait que des groupes possèdent des ADM, comme l'a prouvé l'attaque du métro de Tokyo en 1995 au gaz sarin par la secte Aoum.
Aujourd'hui, la possession de l'arme nucléaire est un facteur clé de la puissance d'un État. Il y a donc 8 puissances nucléaires : les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine, l'Inde, le Pakistan et Israël. La Corée du Nord prétend en posséder et l'Iran a lancé un programme de recherche sur la matière. L'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique) est chargée de surveiller l'usage du nucléaire civil et un accord, le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), est signé en 1968 pour la non-prolifération.
Aucun groupe non-étatique n'est suffisamment puissant pour l'instant pour posséder l'arme nucléaire classique, mais il existe un marché et l'uranium appauvri est une matière première nucléaire très dangereuse et peu chère. Signalons enfin qu'il existe aussi des traités interdisant les armes biologiques et chimiques de destruction massive (ADM). Cependant, la surveillance est faible et on sait que des groupes possèdent des ADM, comme l'a prouvé l'attaque du métro de Tokyo en 1995 au gaz sarin par la secte Aoum.
b. Les armes conventionnelles, toujours florissantes
La plupart des victimes d'un conflit périssent
sous les coups d'armes conventionnelles : chars,
missiles, avions, pistolets, mitrailleuses, mines. C'est
un marché extrêmement lucratif qui
est totalement dominé par les membres du G8 (sauf
le Japon) et figure parmi les 10 plus gros groupes (7
sont américains). Leurs principaux clients sont
les pays en développement, qui consacrent une part
importante de leur budget au domaine militaire, au
détriment des politiques de santé ou
d'éducation.
La France est ainsi, le plus souvent, à la 3e position des vendeurs d'armes.
La France est ainsi, le plus souvent, à la 3e position des vendeurs d'armes.
c. Les armes immatérielles : le soft power
On voit bien, à la lumière de cette
nouvelle géopolitique, que les États les
plus riches de la planète n'entretiennent plus de
rapports belliqueux les uns envers les autres : ils ont
déplacé cette conflictualité dans le
domaine économique. Ainsi, la
géopolitique se double d'une
géo-économie qui tend à rendre
compte de cette nouvelle réalité. Les
piliers de la puissance, au sens large, sont à
chercher dans le domaine commercial, financier,
monétaire, scientifique et culturel. Cela explique
pourquoi la hiérarchie traditionnelle des
puissances, avec à sa tête les
États-Unis et l'Union européenne, reste
stable. Et cela explique aussi pourquoi les pays
émergents travaillent à rattraper leur
retard dans ces domaines.
L'essentiel
La mondialisation, dans la mesure où elle
accélère les échanges d'hommes, de
capitaux, de marchandises et d'informations, est un
accélérateur fondamental des changements dans
le domaine géopolitique. Après
l'équilibre relatif de la Guerre froide, un monde
particulièrement complexe et imprévisible
émerge. Les conflits se multiplient, les acteurs
changent, les objectifs aussi. Et la dichotomie Nord/Sud n'a
jamais été aussi pertinente : de nombreux pays
du Sud s'enlisent dans des guerres interminables, alors que
les pays du Nord déplacent les rivalités au
niveau économique, nettement moins gourmand en
vies humaines. Une inégalité de plus.
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