Le continent américain, une intégration régionale ancienne en dépit des tensions
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Les 10 dernières années du 20e
siècle ont été marquées par une
nette accélération des dynamiques
d'intégration régionale aux quatre coins du
monde.
Rappelons que, les accords entre États d'une même région géographique de la planète, se voyaient comme des tentatives de réponses stratégiques au phénomène de mondialisation économique qui avait largement accentué la concurrence internationale.
Rappelons également que l'Amérique latine vit, depuis le début du 21e siècle, des changements profonds et rapides très importants : les nouveaux gouvernements sont davantage à l'écoute de leurs peuples (les dictatures tendent à disparaître), certaines économies (comme celles du Brésil et du Venezuela) ont décollé un peu partout et des revendications sociales ont commencé à émerger. Cependant, en dépit de ces avancées spectaculaires dans le domaine de la démocratisation et de l'intégration au phénomène de mondialisation des échanges, deux problématiques particulièrement aigües persistent : les inégalités sociales se creusent et la pauvreté demeure un souci récurrent pour un certain nombre d'États d'Amérique centrale et du Sud.
On peut se demander comment le continent américain, secoué par des conflits relativement nombreux, a choisi de se positionner par rapport à cette expérience d'intégration régionale ? Où en est-il aujourd'hui ? Quels sont ses projets et ses objectifs en la matière ?
Rappelons que, les accords entre États d'une même région géographique de la planète, se voyaient comme des tentatives de réponses stratégiques au phénomène de mondialisation économique qui avait largement accentué la concurrence internationale.
Rappelons également que l'Amérique latine vit, depuis le début du 21e siècle, des changements profonds et rapides très importants : les nouveaux gouvernements sont davantage à l'écoute de leurs peuples (les dictatures tendent à disparaître), certaines économies (comme celles du Brésil et du Venezuela) ont décollé un peu partout et des revendications sociales ont commencé à émerger. Cependant, en dépit de ces avancées spectaculaires dans le domaine de la démocratisation et de l'intégration au phénomène de mondialisation des échanges, deux problématiques particulièrement aigües persistent : les inégalités sociales se creusent et la pauvreté demeure un souci récurrent pour un certain nombre d'États d'Amérique centrale et du Sud.
On peut se demander comment le continent américain, secoué par des conflits relativement nombreux, a choisi de se positionner par rapport à cette expérience d'intégration régionale ? Où en est-il aujourd'hui ? Quels sont ses projets et ses objectifs en la matière ?
1. Une tradition d'intégration régionale
plutôt ancienne
a. Un régionalisme polymorphe
Le continent américain a, comme les autres,
intégré le mouvement d'intégration
régionale. Les territoires d'Amérique
latine sont même des familiers de ces processus
de coopération qui véhiculent espoir de
croissance économique et espoir de
développement.
L'Amérique toute entière a, depuis le milieu du 20e siècle, donné naissance à de nombreux projets et expériences de formes diverses :
- accords bilatéraux (entre deux États) ou plurilatéraux.
- Accords Nord/Sud (États riches du Nord du continent avec des États plus pauvres d'Amérique centrale ou d'Amérique latine) ou Sud/Sud.
- Accords sectoriels (ne concernant qu'un secteur d'activité, comme l'énergie, par exemple).
- Marchés communs.
- Zones de libre-échange.
L'Amérique toute entière a, depuis le milieu du 20e siècle, donné naissance à de nombreux projets et expériences de formes diverses :
- accords bilatéraux (entre deux États) ou plurilatéraux.
- Accords Nord/Sud (États riches du Nord du continent avec des États plus pauvres d'Amérique centrale ou d'Amérique latine) ou Sud/Sud.
- Accords sectoriels (ne concernant qu'un secteur d'activité, comme l'énergie, par exemple).
- Marchés communs.
- Zones de libre-échange.
b. Les premiers projets d'intégration
régionale
Les premiers projets ont été
élaborés dans les années 1950-1960
dans le but d'améliorer la coopération
entre les économies de certains États :
- 1960 : création de l'ALAC (Association Latino-Américaine de libre-Commerce). C'est un accord qui concerne tous les États d'Amérique latine. Son but était de promouvoir la mise en place d'accords multilatéraux entre la plupart de ces pays.
- 1960 : naissance du MCCA (Marché Commun Centre-Américain formé par le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador) chapeauté par l'ALAC. Rejoint en 1995 par le Panama.
- 1969 : création du Pacte andin (regroupe les 5 pays andins), toujours chapeautée par l'ALAC.
- 1973 : naissance de la CARICOM (Communauté des Caraïbes).
Tous ces accords chapeautés par l'ALAC ont eu du mal à se concrétiser. Moyens et volontés politiques manquaient.
- 1960 : création de l'ALAC (Association Latino-Américaine de libre-Commerce). C'est un accord qui concerne tous les États d'Amérique latine. Son but était de promouvoir la mise en place d'accords multilatéraux entre la plupart de ces pays.
- 1960 : naissance du MCCA (Marché Commun Centre-Américain formé par le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador) chapeauté par l'ALAC. Rejoint en 1995 par le Panama.
- 1969 : création du Pacte andin (regroupe les 5 pays andins), toujours chapeautée par l'ALAC.
- 1973 : naissance de la CARICOM (Communauté des Caraïbes).
Tous ces accords chapeautés par l'ALAC ont eu du mal à se concrétiser. Moyens et volontés politiques manquaient.
2. Les intégrations régionales au
début du 21e siècle
a. Les 5 blocs économiques régionaux
du continent américain
Il a fallu attendre les années 90 et
l'émergence de démocraties pour que de
nouvelles tentatives d'intégrations
régionales plus efficaces émergent sur le
continent. Entre 1990 et 1997, les taxes à
l'importation entre pays d'Amérique latine ont
été fortement diminuées en
Amérique du Sud, ce qui a entraîné
une multiplication des échanges commerciaux.
Les 5 accords régionaux sont :
- L'ALENA : Association de Libre-Échange Nord-Américaine, née en 1992, qui réunit les États-Unis, le Canada et le Mexique. L'objectif était de faire disparaître les barrières aux échanges en 15 ans. On sait maintenant que cet accord a eu pour principale conséquence une grande dépendance du Mexique à l'égard du marché américain (ce marché représente 80% des exportations et 60% des importations mexicaines) et le déploiement des maquiladoras (ce sont des unités de montage industriel appartenant à des firmes étasuniennes implantées dans les zones franches situées du côté mexicain de la frontière. L'intérêt pour les États-Unis : moins de taxes et main d'œuvre peu chère).
- La CARICOM : née en 1973, elle regroupe, depuis 1997, les 37 pays de la Caraïbe réunis dans l'AEC (Association des États de la Caraïbe).
- Le MCCA (Marché Commun Centre-Américain formé par le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador).
- La CAN (Communauté Andine des Nations) : créée 1995, elle réunit la Bolivie, l'Équateur, le Pérou, la Colombie et le Venezuela. Elle a succédé au Pacte andin avec l'objectif d'augmenter la fréquence et le volume des relations économiques entre ces États. Aujourd'hui, si le contrat n'est pas tout à fait rempli, les relations entre eux sont devenues plus étroites du fait de la création d'institutions supra-nationales : banques communes, Cour andine de justice qui traite des litiges commerciaux, Parlement andin, etc. Cependant, depuis 2006, la CAN souffre du départ du Venezuela qui a intégré un autre regroupement régional, le Mercosur et d'un certain nombre d'autres problèmes.
- Le Mercosur (marché commun du Sud) : né en 1995, il rassemble le Brésil, le Paraguay, l'Argentine, l'Uruguay et le Venezuela. Depuis sa création, les échanges commerciaux entre ces pays sont 4 fois plus élevés. Le Brésil achète les productions agricoles et énergétiques aux 4 autres États associés et ces derniers importent des produits industriels brésiliens.
Les 5 accords régionaux sont :
- L'ALENA : Association de Libre-Échange Nord-Américaine, née en 1992, qui réunit les États-Unis, le Canada et le Mexique. L'objectif était de faire disparaître les barrières aux échanges en 15 ans. On sait maintenant que cet accord a eu pour principale conséquence une grande dépendance du Mexique à l'égard du marché américain (ce marché représente 80% des exportations et 60% des importations mexicaines) et le déploiement des maquiladoras (ce sont des unités de montage industriel appartenant à des firmes étasuniennes implantées dans les zones franches situées du côté mexicain de la frontière. L'intérêt pour les États-Unis : moins de taxes et main d'œuvre peu chère).
Doc. 1. ALENA, regroupement économique |
- La CARICOM : née en 1973, elle regroupe, depuis 1997, les 37 pays de la Caraïbe réunis dans l'AEC (Association des États de la Caraïbe).
- Le MCCA (Marché Commun Centre-Américain formé par le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador).
- La CAN (Communauté Andine des Nations) : créée 1995, elle réunit la Bolivie, l'Équateur, le Pérou, la Colombie et le Venezuela. Elle a succédé au Pacte andin avec l'objectif d'augmenter la fréquence et le volume des relations économiques entre ces États. Aujourd'hui, si le contrat n'est pas tout à fait rempli, les relations entre eux sont devenues plus étroites du fait de la création d'institutions supra-nationales : banques communes, Cour andine de justice qui traite des litiges commerciaux, Parlement andin, etc. Cependant, depuis 2006, la CAN souffre du départ du Venezuela qui a intégré un autre regroupement régional, le Mercosur et d'un certain nombre d'autres problèmes.
- Le Mercosur (marché commun du Sud) : né en 1995, il rassemble le Brésil, le Paraguay, l'Argentine, l'Uruguay et le Venezuela. Depuis sa création, les échanges commerciaux entre ces pays sont 4 fois plus élevés. Le Brésil achète les productions agricoles et énergétiques aux 4 autres États associés et ces derniers importent des produits industriels brésiliens.
b. Les freins à l'intégration
régionale
Les conflits qui opposent certains pays
d'Amérique centrale et d'Amérique latine
restreignent les possibilités de
coopération efficace entre États. De
plus, les nations d'Amérique du Sud sont
très hétérogènes sur le plan
de l'économie et du développement.
Certains d'entre eux possèdent un PNB (produit
national brut) relativement élevé (c'est le
cas du Brésil et du Venezuela) alors que d'autres
présentent un PNB faible (Équateur,
Bolivie). Il est évident que de tels
écarts freinent l'efficacité réelle
des projets d'intégration régionale. Des
États aux capacités aussi diverses ne
possèdent ni les mêmes moyens à
investir dans de tels projets, ni les mêmes
impératifs, ni les mêmes capacités
organisationnelles, ni les mêmes objectifs.
c. Une intégration placée sous
l'autorité des Etats-Unis ?
L'ALENA reste une expérience
d'intégration régionale limitée qui
vise seulement le profit commercial entre les
États membres et a grandement
bénéficié aux États-Unis.
Il n'a jamais été question que l'ALENA
engage ses membres dans une démarche plus
approfondie de rapprochements régionaux. C'est
cette expérience de libre-échange que
les États-Unis souhaitent étendre
à l'ensemble du continent américain, de
l'Alaska à la Terre de Feu, la ZLEA (Zone
de libre-échange pour toutes les
Amériques). Les États-Unis entendent ainsi
concurrencer l'Europe et contrecarrer ses projets sur les
marchés sud-américains et asiatiques.
En 2005, le MERCOSUR, sous le leadership du Brésil, s'est opposé à des négociations concernant la ZLEA et le projet, pour l'instant reste en suspens. En revanche, un certain attachement au projet d'intégration demeure en Amérique du Sud. Nombreux sont les acteurs politiques et économiques qui prônent un projet d'intégration plus global.
La Bolivie et le Chili sont devenus membres du MERCOSUR en 1996, l'Équateur et le Pérou s'en sont rapprochés et le Venezuela y a été intégré en 2006. Le MERCOSUR et la CAN ont lancé le projet d'une Communauté sud-américaine des Nations (CSN) qui intègrerait les États du MERCOSUR, de la CAN et de la CARICOM dans une structure visant à une large intégration sociale, économique et politique entre tous ces pays.
En 2005, le MERCOSUR, sous le leadership du Brésil, s'est opposé à des négociations concernant la ZLEA et le projet, pour l'instant reste en suspens. En revanche, un certain attachement au projet d'intégration demeure en Amérique du Sud. Nombreux sont les acteurs politiques et économiques qui prônent un projet d'intégration plus global.
La Bolivie et le Chili sont devenus membres du MERCOSUR en 1996, l'Équateur et le Pérou s'en sont rapprochés et le Venezuela y a été intégré en 2006. Le MERCOSUR et la CAN ont lancé le projet d'une Communauté sud-américaine des Nations (CSN) qui intègrerait les États du MERCOSUR, de la CAN et de la CARICOM dans une structure visant à une large intégration sociale, économique et politique entre tous ces pays.
L'essentiel
Depuis les années 60, de nombreuses initiatives
d'intégrations régionales ont vu le jour
sur le continent américain. Toutes n'ont pas disparu
et, aujourd'hui, les 5 principales sont : l'ALENA, la CAN,
le MERCOSUR, l'AEC et le MCCA. Depuis le 1e
Sommet des Amériques (1994), les États-Unis
affirment leur volonté de créer une ZLEA
(une zone de libre-échange sur le modèle de
l'ALENA) à l'échelle du continent tout entier.
En 2005, le MERCOSUR, entraîné par le
président brésilien Lulla, a mis un large frein
à la création de la ZLEA et depuis le projet
n'a pas avancé. En revanche, un vaste regroupement
régional rassemblant les états membres du
MERCOSUR, de la CAN et de la CARICOM fait son chemin et
attend de se réaliser.
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