Descente de charges : résoudre un problème
- Fiche de cours
- Quiz
- Profs en ligne
- Videos
- Application mobile
- Analyser les données d’un problème de dimensionnement de bâtiment.
- Mener une descente de charges.
- Vérifier le bon dimensionnement des éléments structuraux.
- Vérifier que le bâtiment ne s’enfonce pas dans le sol.
- La descente de charges est l’étude du transfert des charges, du haut vers le bas, dans un bâtiment.
- La capacité d’un élément structural à résister à une charge se détermine en comparant la contrainte σ qu’il subit avec sa limite d’élasticité Rec.
- La capacité du sol à résister à l’enfoncement d’un élément se détermine en comparant la pression exercée sur le sol pélément/sol qu’il subit avec sa résistance à l’enfoncement Renf.
- Structures porteuses
- Charges et contraintes
- Résistance des matériaux
La réalisation d’une descente de charges permet de dimensionner les éléments de la structure porteuse d’un bâtiment. Elle permet de choisir ou de contrôler si la forme, l’épaisseur et le matériau de chaque élément structural sont adaptés.
La descente de charges permet également de s’assurer que le bâtiment ne s’enfonce pas dans le sol.
Quelques formules sont nécessaires afin de mener une descente de charges.
La contrainte σ subie par un élément structural se calcule avec la formule suivante.
avec :
|
Cette contrainte, multipliée par un coefficient de sécurité K, est ensuite comparée à la limite d’élasticité, Rec du matériau de l’élément.
La pression pélément/sol exercée par un élément sur le sol, qui peut faire s’enfoncer cet élément, se calcule avec la formule suivante.
avec :
|
Cette pression, multipliée par un coefficient de sécurité K, est ensuite comparée à la résistance à l’enfoncement du sol, Renf.
Voici un exemple complet pour comprendre comment mener une descente de charges.
On va effectuer une descente de charges sur la maison modélisée ci-dessous.
Les plans et les choix de matériaux sont déjà faits, l’objectif est de :
- vérifier que les éléments structuraux de la maison pourront supporter les charges qu’ils vont subir, en tenant compte d’un coefficient de sécurité K = 1,5 ;
- vérifier si le sol supportera le poids de la maison, avec un coefficient de sécurité K = 1,5.
Élément | Matériau |
Dimensions (en m) |
Masse (en kg) |
Toit | Tuiles, chêne et pin |
Longueur : 12 Largeur : 6 Hauteur : 2 |
7400 |
Mur de façade | Parpaing |
Longueur : 12 Largeur : 0,2 Hauteur : 2,4 |
|
Mur de pignon | Parpaing |
Longueur : 6 Largeur : 0,2 Hauteur : 2,4 |
|
Dalle de fondation | Béton |
Longueur : 14 Largeur : 8 Hauteur : 0,6 |
On ne vérifie pas la résistance de la charpente.
Les matériaux utilisés ont les caractéristiques suivantes :
- Parpaing : ρ = 1750 kg·m–3 et Rec= 40 MPa
- Béton : ρ = 2300 kg·m–3 et Rec = 15 MPa
- ρ représente la masse volumique. En la multipliant par le volume d’un solide, on obtient sa masse en kg : M = ρ × V ;
- Rec représente la limite d’élasticité du matériau, en Pascal (Pa).
On a les charges suivantes.
- Surcharges d’exploitation, subies par la dalle de fondation : Q = 200 N·m–2.
- Surcharges climatiques liées à la neige, subies par le toit : S = 300 N·m–2.
Enfin, la résistance à l’enfoncement dans le sol du sol est Renf= 0,3 MPa.
Voici la méthode pour réaliser la descente de charges de cette maison. Le principe est de s’intéresser aux charges des différents éléments de la maison, du haut vers le bas.
La neige va se déposer sur le toit, on commence donc par calculer son poids.
Si on projette horizontalement le toit, il a une surface dont l’aire vaut :
Atoit= Ltoit × ltoit
Atoit= 12 × 6 = 72 m2
L’ensemble de la neige qui peut se déposer sur le toit a un poids Pneige.
Ce poids se calcule en multipliant la surface Atoit (m2) par la surcharge climatique S liée à la neige (en N·m–2), qui représente le poids d’1 m2 de neige :
Pneige= Atoit × S
Pneige= 72 × 300 = 21 600 N
Pour le toit, les données indiquent une masse de 7400 kg.
On a donc :
Ptoit= Mtoit × g
Ptoit= 7400 × 9,81 = 72 600 N
On a donc un poids total, pour la neige et le toit :
Pt+n = Ptoit + Pneige
Pt+n = 21 600 + 72 600 ≈ 94 200 N
On détermine les zones d’influence de chaque mur en dessinant le schéma ci-dessous.
On calcule ensuite les aires des zones d’influence :
- pour un mur de façade (plus grande
longueur), dont la zone d’influence est un
trapèze :
AZI façade= × h1
AZI façade = × 3 = 9 × 3 = 27 m2
- pour un mur de pignon, dont la zone
d’influence est un triangle :
AZI pignon =
AZI pignon = = 9 m2
Chaque mur reçoit donc le poids suivant.
- Pour un mur de façade :
%ZI façade=
%ZI façade = = 0,375 = 37,5 % du poids de ce qui se trouve au-dessus de lui.
- Pour un mur de pignon :
%ZI pignon =
%ZI pignon = = 0,125 = 12,5 % du poids de ce qui se trouve au-dessus de lui.
Au niveau des aires des sections des murs, on a :
- pour un mur de façade : Afaçade= L × l = 12 × 0,2 = 2,4 m2
- pour un mur de pignon : Apignon = L × l = 6 × 0,2 = 1,2 m2
La contrainte σ dans ces murs, qui est due aux charges du toit et de la neige, sera donc :
- pour un mur de façade :
σt+n/façade=
σt+n/façade = 14 700 Pa
- pour un mur de pignon :
σt+n/pignon =
σt+n/pignon = 9810 Pa
Chaque mur doit résister :
- à une partie de la contrainte due au toit et de la neige σt+n/façade ou σt+n/pignon ;
- à la charge permanente Gmur due au poids des parpaings.
- Une charge, une contrainte et une pression
représentent le même
phénomène physique : une force qui
s’applique sur une surface.
C’est pour cela qu’elles ont la même unité, le Pa = N·m–2, et qu’on peut les additionner et les comparer avec des inégalités. - Les charges sont notées avec une lettre
majuscule :
G (charge permanente), Q (surcharge d’exploitation), S (surcharge due à la neige) et W (surcharge due au vent). - Les contraintes à l’intérieur d’un matériau sont notées avec la lettre grecque sigma (σ).
- Pour la pression sur le sol, on utilise la lettre minuscule p.
Comme les murs ont la même hauteur et sont faits du même matériau, la charge Gmur est la même pour les quatre murs (façade et pignon).
Elle peut se calculer en divisant le poids d’un mur par sa section.
Calcul de la masse Mfaçade d’un mur en parpaing (ici la façade)
Mfaçade= Vfaçade × ρparpaing
Mfaçade= Lfaçade × lfaçade × hfaçade × ρparpaing
Mfaçade= 12 × 0,2 × 2,4 × 1750 ≈ 10 100 kg
Calcul du poids Pfaçade du mur
Pfaçade= M × g
Pfaçade ≈ 10 100 × 9,81 ≈ 99 000 N
Calcul de la charge Gmur du mur
Gmur=
Gmur = ≈ 41 300 Pa
On a donc les contraintes globales σ suivantes pour les murs.
- Pour un mur de façade :
σfaçade= σt+n/façade+ Gmur
σfaçade= 14 700 + 41 300 ≈ 56 000 Pa ≈ 56 kPa
- Pour un mur de pignon :
σpignon = σt+n/pignon + Gmur
σpignon = 9810 + 41 300 ≈ 51 100 Pa ≈ 51,1 kPa
En tenant compte du coefficient de sécurité K = 1,5, on a :
- pour un mur de façade :
σfaçade × K = 56 × 1,5 ≈ 84 kPa 40 MPa
- pour un mur de pignon :
σpignon × K = 51,1 × 1,5 ≈ 76,7 kPa 40 MPa
Les deux murs sont donc largement assez résistants.
La surface de la dalle vaut Adalle= 14 × 8 = 112 m2.
La dalle de fondation doit résister :
- au poids du toit et de la neige, qui vaut Pt+n= 93 800 N, qui produira une contrainte σt+n/dalle ;
- au poids des quatre murs P4murs, qui produiront une contrainte σ4murs/dalle ;
- à la charge d’exploitation de la maison Q = 200 N·m–2 ;
- à sa propre charge permanente due au poids de la dalle Pdalle, qui produira une charge Gdalle.
Calcul de la contrainte σt+n/dalle
σt+n/dalle = = 841 Pa
Calcul de la contrainte σ4murs/dalle
Le poids des 4 murs (qui sont en parpaing) vaut :
P4murs= M4murs × g
P4murs = V4murs × ρparpaing × g
P4murs = L4murs × l4murs × h4murs × ρparpaing × g
P4murs = (2 × Lfaçade + 2 × lpignon) × l4murs × h4murs × ρparpaing × g
P4murs ≈ (2 × 12 + 2 × 6) × 0,2 × 2,4 × 1750 × 9,81
P4murs ≈ 297 000 N
On peut ainsi calculer σ4murs/dalle :
σ4murs/dalle = ≈ 2650 Pa
Calcul de la charge Gdalle
Gdalle =
Gdalle = 13 600 Pa
En sommant les différentes contraintes et charges subies par la dalle, on obtient une contrainte dans la dalle de :
σdalle = σt+n/dalle + σ4murs/dalle + Q + Gdalle
σdalle = 841 + 2650 + 200 + 13 600 ≈ 17 300 Pa ≈ 17,3 kPa
En tenant compte du coefficient de sécurité K = 1,5, on a :
σdalle × K = 17,3 × 1,5 ≈ 26 kPa 15 MPa
Les symboles et peuvent être utilisés à la place de < et > pour mettre en évidence que la différence entre deux valeurs est très grande.
La dalle est donc largement assez résistante.
La pression exercée par la structure sur le sol est égale à la contrainte dans la dalle : pstructure/sol= σdalle.
D’après les données, la résistance à l’enfoncement dans le sol est :
= 0,3 MPa = 300 kPa.
pstructure/sol × K = 17,3 × 1,5 ≈ 26 kPa
26 kPa < 300 kPa.
La maison ne s'enfoncera donc pas dans le sol.
Vous avez obtenu75%de bonnes réponses !