De l'emploi typique à l'emploi atypique
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Robert Castel parle de la mise en place d'une société salariale après la seconde guerre mondiale fournissant aux ménages une sécurité de l'emploi et des avantages liés (notamment la sécurité sociale).
Sur l'ensemble des actifs, on peut considérer aujourd'hui que l'emploi classique représente 75 % de l'emploi total. Il semble cependant que l'on assiste au crépuscule de l'ordre salarial d'après-guerre, avec la multiplication des formes atypiques d'emplois.
Date |
1982 |
1997 |
1999 |
2006 |
2010 |
Intérim |
129 000 |
330 000 |
447 000 |
548 000 |
467 000 |
CDD |
311 00 |
849 000 |
892 000 |
1 190 000 |
1 876 000 |
La précarité a fortement augmenté chez les jeunes puisque près d'un jeune sur deux est touché en 2010 contre seulement 18 % en 1980.
Les causes de cette progression sont nombreuses. Les entreprises souhaitent ajuster au mieux leur stock de main-d'œuvre, et développent donc ces formes d'emplois flexibles, en arguant que les procédures de licenciement sont trop lourdes pour des salariés classiques.
Le volant de chômage (part de la population active non occupée, immédiatement disponible, et peu exigeante) est au reste suffisamment étendu pour permettre le recrutement de travailleurs pour des emplois atypiques.
De plus, les nouveaux impératifs de répartitions horaires du temps de travail (pour optimiser l'usage des machines ou pour satisfaire la clientèle par des heures d'ouverture élargies) nécessitent souvent le recours à l'emploi atypique.
Le constat est simple : il existe peu ou prou deux types de marchés du travail. Le premier est constitué des travailleurs en CDI, qualifiés et diplômés, qui, s'ils changent d'emploi, ne changent pas de statut. Le second est constitué des travailleurs condamnés aux formes atypiques d'emplois, du fait de leur manque de qualification, ou de leur origine sociale, et qui enchaînent les « petits boulots ». Or, les deux marchés sont étanches l'un à l'autre, les emplois atypiques ne permettant pas, dans la plupart des cas, d'accéder aux emplois classiques. Outre la dévalorisation personnelle que cela engendre, cette situation empêche d'envisager sereinement l'avenir.
La situation anglaise est de ce point de vue exemplaire, puisqu'on a vu se généraliser la situation de working poors, c'est-à-dire de travailleurs salariés se situant au niveau du seuil de pauvreté. Pour sa part, l'INSEE recense plus de 1.5 million de travailleurs pauvres en France. La multiplication des CDD, des temps partiels ou saisonniers, ne fait finalement que renforcer les situations précaires, du fait de la faiblesse et de l'irrégularité des revenus.
De plus, ces travailleurs s'intègrent peu dans leurs entreprises respectives car ils sont souvent de passage, ce qui constitue à terme une perte de l'identité salariale. On ne peut donc faire l'économie d'une réflexion sur l'intérêt social de la multiplication des emplois atypiques.
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