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Des régions à l'écart de la mondialisation

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La mondialisation est un phénomène complexe qui, au fil du temps, a fini par différencier les espaces. Reposant sur une logique d'intégration ou d'exclusion des territoires (à de nombreuses échelles), elle a dessiné un monde hiérarchisé entre des centres d'impulsion (Amérique du Nord, Europe de l’Ouest et Asie orientale), des périphéries plus ou moins intégrées et dominées et des territoires encore marginalisés.

Quelles peuvent être les raisons et les conséquences de l’inégale intégration de certaines régions – et donc de certaines sociétés – à la mondialisation ?
1. Des régions en marge de la mondialisation
La mondialisation est, au niveau économique, un véritable moteur de croissance. Elle valorise certains territoires dont les États qui se sont adaptés au capitalisme. Elle est pour eux une source de richesses. Les États de la Triade (États-Unis, Europe de l'Ouest, Japon) en ont retiré les bénéfices depuis longtemps, mais aujourd'hui c'est au tour des États émergents, ces pays en développement rapide d'Asie du Sud-Est et d'Amérique latine, et notamment du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui en ont adopté le modèle, de bénéficier de croissances économiques fortes (5,7 % en moyenne en 2010, alors que la moyenne mondiale était de 3 %) et de s'intégrer au « village global ». C'est en grande partie grâce à la mondialisation que des centaines de millions de Chinois et d'Indiens ont pu sortir de leur extrême pauvreté.
a. Des disparités à l'échelle mondiale
• Des États sont toutefois exclus de la mondialisation
La mondialisation engendre une différenciation des espaces et crée de nouvelles disparités territoriales, et ce à différentes échelles (régionale, nationale, et mondiale).
D'un côté, elle tend à faciliter la mise en relation des économies et des sociétés du monde entier mais alimente de l'autre la marginalisation de certains territoires. Aujourd’hui encore, de nombreux pays ne sont pas – ou très peu – concernés par cet accroissement des flux.

• Les PMA
(Pays les moins avancés de la planète – il s'agit essentiellement des États d'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est), soit 1,2 milliard d’habitants, sont exclus du partage des richesses que la mondialisation génère. Sur une centaine d’États non pétroliers africains, la moitié a vu son niveau de vie par habitant stagner depuis 1965 et 46 ont même véritablement régressé. Ils ne sont que quelques-uns à avoir réussi à tirer parti de la mondialisation.
L'Afrique ne représente qu'1 % du commerce international. La plupart des États qui la composent sont souvent spécialisés dans l'exportation de produits agricoles, ce qui fait que leur bonne santé économique – et donc sociale – est soumise aux cours internationaux, qui ont une nette tendance à baisser depuis des décennies. Les PMA ne réalisent que 0,5 % du PNB mondial. La plus grande partie de la population y est très pauvre : en Afrique subsaharienne, plus de 40 % de la population vit avec moins d’un euro par jour.

• Certains États restent en dehors de la mondialisation pour des raisons idéologiques.
C’est le cas des derniers régimes socialistes (qui se font appeler ainsi mais qu'il faut plutôt assimiler au communisme) à parti unique comme Cuba ou la Corée du Nord.

• Les pays enclavés
Le commerce international se faisant pour l'essentiel par voie maritime par le biais de porte-conteneurs, les territoires dépourvus de façades littorales ou de ports ne sont pas bien intégrés au dynamisme mondial.
b. Des disparités à l'échelle régionale
• Les régions enclavées
À l’intérieur même de pays intégrés, il peut exister des régions entières qui demeurent très éloignées des flux de la mondialisation et souffrent donc de mal ou même de sous-développement. On dit qu’elles sont marginalisées, c’est-à-dire que leurs économies, leurs territoires, leurs populations se trouvent exclus des processus de la mondialisation.
Ces « angles morts » de la mondialisation ne présentent que peu d’intérêts stratégiques et ne sont donc pas mis en valeur. Prenons l'exemple de la Chine : ce pays dispose d'une façade littorale, à l'Est, extrêmement développée, vers laquelle convergent et de laquelle partent de très nombreux flux (de marchandises, d'hommes, de connaissances, touristiques...). Cette façade littorale est donc très bien intégrée à la mondialisation alors que l'intérieur du pays se révèle de plus en plus pauvre et de moins en moins intégré au fur et à mesure que l'on avance vers l'ouest.

Doc.1. Une campagne chinoise Doc.2. Vue aérienne de Hong Kong


• Des territoires marginalisés à l'intérieur des pays riches.

À l’intérieur de l’Union européenne, par exemple, le développement économique n’est pas homogène. Ce développement est lié à la date d’entrée dans l’Union, à l’histoire, au positionnement par rapport aux grands axes de communication, à la proximité ou à l’éloignement par rapport à la dorsale européenne ou encore à la présence ou l’absence de métropoles.
Le sud de la péninsule Ibérique, le Mezzogiorno (sud de l'Italie), le Sud de la Grèce et les îles de la Méditerranée cumulent un certain nombre de contraintes et de difficultés. Ces régions sont situées à la périphérie de la mégalopole, elles sont marginalisées, sous-équipées, sous-industrialisées, subissant des contraintes climatiques dont elles ont parfois du mal à s’affranchir (déficit hydrique et incendies dévastateurs l’été) malgré l’attribution de fonds européens spécifiques. D’autre part, l’exode rural et le vieillissement de la population les privent des forces vives et des compétences indispensables à tout développement.

Cependant, dans les pays riches, des efforts sont faits pour améliorer le sort de ces régions et les intégrer davantage aux échanges internationaux (le tourisme, souvent). Consciente des handicaps dont sont victimes les régions citées ci-dessus, l’Union européenne a initié, par l’intermédiaire du Fonds européen de développement économique et régional (FEDER), de grands projets pour développer une agriculture irriguée avec des résultats réels en Espagne et en Grèce et pour doter ces régions d’infrastructures permettant de développer le tourisme estival.
2. Causes et conséquences de l’inégale intégration des territoires à la mondialisation
a. Le paradoxe du mal-développement
Le mal-développement est la fois cause et conséquence de la faible intégration des territoires à la mondialisation.

• Les États mal-développés cumulent les handicaps qui repoussent les FTN
(Firmes transnationales).
En effet, ces pays ou ces régions manquent d’équipements, font preuve d’instabilité politique (comme la guerre civile) et ont des populations extrêmement pauvres. Pour les grandes entreprises internationales, il y aurait trop de risques à investir dans ces régions.

Le fait que certains territoires soient mal intégrés à la mondialisation constitue un frein au développement. En effet, les PMA d’Afrique, qui sont les pays les moins intégrés, sont aujourd’hui encore mis à l'écart des grands flux et des IDE (Investissements Directs Étrangers). Mais il ne s’agit pas que du continent africain; l'Amérique du Sud présente de fortes inégalités au sein de sa population, et au Cambodge (Asie), 28 % de la population vit avec moins d’1,25 dollar par jour. Phnom Penh, la capitale, s’est très vite développée ces dernières années : certains quartiers se sont largement intégrés à la mondialisation, mais que ce soit dans ses bidonvilles ou dans ses campagnes, un tiers de sa population vit encore en-dessous du seuil de pauvreté.

Doc.3. Bidonville de San Conrado à Rio de Janeiro


b. Des sociétés inégalement intégrées
• La mondialisation a renforcé les inégalités sociales, tant entre États qu’à l’intérieur même des pays. Dans les États du Sud, le nombre de personnes vivant de l’économie informelle a augmenté, passant de 776 millions en 2000 à 827 en 2010. En même temps, ceux qui étaient riches se sont encore enrichis et une classe moyenne est apparue dans les États émergents. Mais les ruraux et les ouvriers continuent de vivre dans des conditions très précaires.

• La grande pauvreté caractérise ces aires éloignées de la mondialisation.
En 2008, 22 % de l’humanité (soit 1,5 milliard de personnes) vivait avec moins d’1,25 dollar par jour (seuil de pauvreté). Il y a aujourd’hui 300 millions de personnes qui vivent avec moins d’1,25 dollar par jour en Asie orientale, 600 millions en Asie du Sud et 400 millions en Afrique subsaharienne. 

• La marginalisation favorise les activités illicites
Les activités illicites comportent le travail au noir et les activités illégales telles que la prostitution, les cultures destinées au trafic de drogue, la contrebande… Des zones grises se constituent à l’échelle du quartier des grandes métropoles (du Nord comme du Sud), de la région (comme le sud de la Colombie ou le nord du Mali par exemple), ou d’États entiers (comme la Somalie…). Ce sont des acteurs politiques ou des mafias qui les contrôlent.

• La marginalisation et le manque de développement qui l’accompagne favorisent l’émigration
.
Cette marginalisation et ce sous-développement favorisent l'émigration. En effet, les pays ou régions de départ sont privés de leurs élites intellectuelles et de leurs forces vives qui émigrent vers des pays susceptibles de leur donner du travail.
L'essentiel
Tout en profitant à de nombreuses régions de la planète, la mondialisation tient cependant certaines aires géographiques et humaines à l'écart de ses flux.
Certaines inégalités territoriales, à différentes échelles, se réduisent ou, au contraire, se creusent. Tous les territoires ne s'intègrent pas à ses flux d'échanges et ceux qui y parviennent ne le font ni au même rythme, ni avec la même ampleur. Si dans les années 1990 la plupart des pays d'Asie du Sud et de l'Est ont enregistré une amélioration spectaculaire de leur niveau de vie, des pans entiers de l'Afrique subsaharienne (34 PMA sur 48), une partie de l'Europe de l'Est et de la CEI (Communauté des états indépendants), ainsi que de nombreux États et territoires d'Amérique latine et du Proche-Orient sont restés à l'écart de la croissance économique et du développement humain. De nombreux territoires au Sud sont encore évités par les FTN qui préfèrent investir leurs IDE dans des espaces plus rentables, mieux desservis par des réseaux de communication.

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